Il
ne reste que quelques heures pour participer à la « concertation préalable » sur le projet d’aménagement de la gare SNCF de Nantes : la procédure s’achève
ce soir. En deux mois, elle n’a pas mobilisé les foules*. Et ça se comprend, tant
le projet est minimaliste.
Comme la plupart des grands projets de Jean-Marc Ayrault,
celui-ci semble allier rigidité dans la décision, flou dans le concept et
lenteur dans l’exécution. Doter Nantes d’une gare digne d’elle, on
en parle depuis au moins vingt ans. Parmi les 200 propositions de Jean-Marc
Ayrault pour sa campagne municipale de 2008, la n° 9 était ainsi libellée :
« Faire de la gare de Nantes
une grande gare moderne capable d’accueillir 20 millions de passagers en 2020 ».
Début 2012,
enfin, les parties concernées (ville, département, région, RFF…) ont budgeté 1,7
million d’euros pour mettre au point le projet soumis à la concertation
préalable. De quoi se payer pas mal
d’idées.
Où
donc l’argent est-il passé ? Que sont devenues les intentions grandioses
évoquées naguère (et dont on peut retrouver la trace sur l’indispensable forum architectural PSS) ?
Le projet ne prévoit finalement que la construction d’une mezzanine transversale
au-dessus des voies et d’une extension de la gare nord au détriment de son parking courte
durée. En fait de « grande
gare moderne », on a un rafistolage pour temps de crise.
Et
ce n’est pas le pire. Car le projet n'est pas limité à la gare proprement dite.
Il comprend un deuxième volet indispensable : l’aménagement des abords de
la gare. Vu la situation actuelle, il y a de quoi faire. Or voici à quoi se
borne le « projet » soumis à concertation pour le côté nord de la
gare : « un
parvis dédié aux modes doux et au transport collectif devrait être créé entre
la gare et le jardin des Plantes. Cette nouvelle liaison piétonne, confortable,
lisible et sûre, se poursuivra jusqu’à la station Busway Duchesse Anne-Château,
se raccordant ainsi à la promenade nantaise existante. » Un point c'est tout. L'intention est belle – qui
irait critiquer le doux, le collectif, le confortable, etc. ? ‑ mais quid des aménagements spécifiques,
quid de la réalisation pratique ?
Implicitement,
le projet suppose de renvoyer sur la rue Stanislas Baudry toute la
circulation du boulevard de Stalingrad, du cours John Kennedy et de l’allée des
généraux Patton et Wood. À défaut d'autres précisions, cela paraît carrément loufoque. Si loufoque qu’on note
le conditionnel : « un
parvis […]
devrait être créé »… Ce volet-là du projet n’a
pas dû peser bien lourd dans les 1,7 million d’euros de frais d’études !
Pourtant, le protocole conclu en janvier 2012 entre les différents protagonistes
spécifiait que les études couvriraient, entre autres, l’« organisation
spatiale du parvis nord » et la « réorganisation des plans de
circulation et des espaces publics de voirie adjacents ». On dirait
que Nantes Métropole, chargée de ce volet du projet, a été incapable de le mener
à bien en temps utile.
Résultat :
ce qui est soumis à « concertation » n’est pas un vrai projet mais une
vague conjecture, assortie d'un croquis qu'on croirait dessiné sur un coin de nappe en papier, présentée quand même au public pour pouvoir respecter les délais annoncés (dont seuls les mauvais esprits penseront qu'ils ont un lien avec les élections municipales de 2014).
Ce n’est pas sans conséquence : la procédure de concertation préalable
étant imposée par l’article L.300-2 du code de l’urbanisme, le côté « pas
fini » du projet menace sa légalité.
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* Quelques contributions très argumentées ont néamoins été déposées, en particulier par l'ACIPA.
Et on entend toujours, mais moins fort c'est certain, tous les exploits réalisés par JMA pour sa bonne ville de Nantes. Vous savez, l'ancienne endormie qu'il a prétendument réveillée... !
RépondreSupprimerEt pourquoi pas un vrai projet d'une gare digne de ce nom dans la plaine de Mauves que les voies ferrées traversent déjà ?
Pour info, un article dans PO au sujet des commerçants qui se demandent où sont les touristes du VAN qu'ils ne voient pas dans leur boutique ?... Peut-être n'y a t'il pas de touristes ?
Gares & Connexions en charge du projet aménage en priorité des surfaces à vocation commerciale, le trafic voyageur n'est pris en considération que pour créer une zone de chalandise aux loyers élevés. Il s'agit donc moins d'un projet ferroviaire que d'une opération commerciale. La gare d'Orléans, dénomination d'origine, est inadaptée tant de part son emplacement que par ses possibilités d'accès ferroviaires bloqués par le canal St Félix et le tunnel vers le site classé Seveso de Total à Donges. Entre les erreurs ferroviaires et aéroportuaires, Nantes a du mal à se transformer en grande ville. L'ambition de la communication institutionnelle ne se matérialise pas dans les projets des voies de communication.
RépondreSupprimerLa géographie n'est sûrement pas favorable, mais voici au moins vingt ans que JMA nous a promis une gare digne d'une grande ville, donc il devait avoir l'idée que c'était possible, non ? En tout cas, il a eu le temps d'y réfléchir (mais il est vrai que rien ne s'est fait de son temps, comme s'il préférait toujours remettre ce projet à plus tard : demain on garera gratuit !).
RépondreSupprimerLe projet mis à l'enquête publique a été établi en commun par RFF et la ville, donc en principe l'intérêt de l'usager devait être défendu au moins autant que l'intérêt commercial.