20 juillet 2013

Lobbying pour NDDL (10) : l’ombre du Propagandaministerium

« L’action se passe dans les Pays de la Loire, c’est-à-dire nulle part »
Sven Jelure, d’après Alfred Jarry, Ubu roi
 
 Auxiette n’en loupe pas une. Toute offense au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes le fait réagir comme un taureau à qui on vient de piquer une banderille. Presse Océan a révélé au début de la semaine que la Région a refusé une subvention à un documentaire sur NDDL malgré l’avis favorable de son comité technique ad hoc. Le boss régional ne semble pas être féru de cinéma (le mot ne figure pas une seule fois dans son blog personnel). Pourtant, au lieu de faire profil bas, il s'est senti obligé de répliquer.

Le communiqué de la Région, dans lequel on croit reconnaître la patte épaisse de son président (il n’est même pas répertorié parmi les communiqués officiels de l’institution), explique : « chacun comprendra que le Conseil régional ne peut pas donner suite à cette demande de financement, quelle que soit la possible qualité artistique du film. Prétendre le contraire en se drapant derrière les principes de ‘liberté de création et d’expression’ relève de la plus totale démagogie. Il serait totalement incompris, et probablement critiqué et moqué à juste titre, de voir figurer au générique d’un tel film la traditionnelle mention ‘avec le soutien du Conseil régional des Pays de la Loire'. » Difficile de commettre plus de dégâts en si peu de mots.

Ce texte reconnaît sans ambiguïté que le film en cause a bien été retoqué pour raison politique ; corrélativement, il subordonne la liberté de création et d’expression au respect d’une ligne officielle. Il met en question l’existence du comité technique cinéma, audiovisuel et multimédia, composé pourtant de professionnels reconnus, dont l’avis compte pour du beurre. Et surtout, il jette le doute sur tous les films financés par la Région. Puisqu’un film « quelle que soit [sa] possible qualité artistique » ne peut être soutenu que s’il est dans la ligne, tous les films subventionnés avec l'argent des contribuables des Pays de la Loire deviennent suspects de servir une propagande.

À propos, parmi la soixantaine de films et documentaires financés par la Région l’an dernier, on trouve Burning Down, Burqua Boxer, Exercise of Life, From Boston, Lewis’ Backstage, Sail Me to the Moon, Salam Alikoum, Seamen’s Club, Sorry for the Blood, The Golden Boat, The Red Dolman et Time After Nantes. Jacques Auxiette est plus soucieux d’attaquer NDDL que de défendre la langue française.

Les précédents épisodes de Lobbying pour NDDL :
 

2 commentaires:

  1. mercredi 14 octobre 1998 - News - Stars

    A l'heure du Pacs, la région Pays-de-la-Loire s'offre le luxe de refuser des subventions pour un film évoquant l'homosexualité.
    Le Conseil régional des Pays-de-la-Loire, présidé par le RPR François Fillon, a refusé au cours de l'été une subvention à un court-métrage évoquant une aventure homosexuelle entre deux hommes. La commission des affaires culturelles, présidée par le député villiériste de Vendée Bruno Retailleau, avait voté majoritairement en juillet une subvention à un court métrage intitulé 'Presque rien'. Dans un second temps, le président de cette commission a retiré la subvention. 'Nous nous sommes aperçus que le synopsis du film laissait apparaître des images quasiment pornographiques. Les élus et les collectivités locales sont libres de leur choix. Il n'y a pas d'argent public pour faire tout et n'importe quoi', a affirmé M. Retailleau sur Radio France Loire Océan en justifiant ses choix. M. Jacques Auxiette, maire PS de La Roche-sur-Yon et conseiller régional des Pays-de-la-Loire, a dénoncé dans un communiqué une pratique qui, selon lui, 'rappelle étrangement les fonctionnements' dans les collectivités locales dirigées par le Front national ou des proches du FN. 'Ces dossiers ont disparu des notifications contrairement à un vote décisionnaire et majoritaire de surcroît', dénonce l'élu socialiste en demandant au président de la région, François Fillon, de 's'expliquer'. La présidence du conseil régional a simplement indiqué mercredi soir qu'il s'agissait d'une 'suspension' provisoire de l'octroi de cette subvention afin de vérifier si le film proposé entrait bien dans la catégorie des court-métrages. AFP
    http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=317363.html

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  2. Excellent ! Merci d'avoir déniché cette référence cocasse.

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