Le résultat ? C’est affaire de goût, mais Isaac Cordal a au moins une vision du monde, une cohérence esthétique et une maîtrise de sa technique. Le Voyage à Nantes a dans le passé qualifié d’« œuvre d’art » tout et n’importe quoi. Pour une fois, ce n’est pas là-dessus qu’on le chicanera.
On s’en doute, c’est sur autre chose.
Le Voyage à Nantes n’est pas destiné à distraire les Nantais. Son principal objectif, conformément au contrat de délégation de service public par lequel Nantes Métropole lui a confié sa politique touristique, est de « renforcer Nantes comme destination touristique de niveau international ».
N’allez pas vous méprendre au vu de leur costume gris, de leur air sinistre et de leur posture rigide : les bonshommes en ciment moulé d’Isaac Cordal ne sont pas inspirés d’un modèle local. On les a déjà vus à örebro en juin, à Anderlecht en janvier, à Malaga en décembre, à Riga en novembre, à Bruxelles en octobre, à Vienne en septembre, et auparavant à Barcelone, Zagreb, De Panne, La Corogne, Ostende, Pontevedra, Milan, Berlin, Londres ou Amsterdam…
En quoi le fait d’être la quinzième ou vingtième ville à exposer un concept déjà présenté un peu partout en Europe depuis trois ou quatre ans pourrait-il renforcer Nantes comme « destination touristique de niveau international » ? C’est vraiment Follow the Leaders : Nantes vient derrière beaucoup d’autres. (Tiens, au fait, même ce titre-là n’est pas original, c’était déjà celui d’une installation de Cordal à Bruxelles.)
Cela rappelle le cas du canard gonflable d’Estuaire 2007.
Depuis lors, Florentijn Hofman vend ses canards à des plans d’eau du monde
entier. Ils amusent les populations locales, mais leur attractivité
internationale doit désormais être proche de zéro. Avec le canard jaune, Jean Blaise
avait au moins l’excuse d’essuyer les plâtres. Avec les bonshommes gris, le
ciment est sec depuis longtemps. Le Voyage à Nantes a vraiment un problème de
stratégie.
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* Avec 10.400 salariés, Lego a produit 400 millions de minifigures
en 2012, sans parler des briques et de tout le reste.
Bravo pour cette recherche . Ces petits personnages sont aussi engageant que notre très belle affiche qui respire la joie de vivre à la nantaise connue dans l'europe entière.
RépondreSupprimerDans la liste des déjà-vu ailleurs n'oubliez pas le célèbre serpent.
amitiés
alain
Il faut dire que le Voyage a sérieusement diminué la voilure cette année...
RépondreSupprimerEntre les pièces internationales réchauffées, les oeuvres "pérennes" (le réchauffé local), et la multitude d'expositions, d'animations associées (qui de toute façon existeraient sans la manifestation), la programmation est plutôt minable - pour reprendre un mot cher à notre ancien maire... (On ne s'attardera pas sur sa qualité esthétique : puisqu'on vise un public de touristes supposés déjà et définitivement conquis.)
Un Voyage réaliste, en somme, presque humble. Presque un aveu d'échec...
et que dire de la décoration temporaire green capitale … c'est affreux "big bags" tous droits sortis d'une décharge … ça ne rendra pas le centre-ville moins minéral (trop) à l'issue de l'année verte.
RépondreSupprimerIl eu été préférable justement de réfléchir à la déminéralisation et installer de vrais et beaux espèces verts pérennes plus engageants que Commerce ou ceux existants à Petite Hollande …
Tiens je suis d'ailleurs surpris que Sven n'ait pas déjà rédigé un article à ce sujet surtout quand on voit l'installation réalisée devant le siège du PS …
Après Nantes capitale verte, Nantes dépotoir ?
La pollution visuelle de ces sacs hideux ne se limite pas seulement, hélas, à la proximité du siège du PS - ce sera plutôt drôle ! Les abords du Musée des Beaux-Arts sont devenu impraticables. Peut-être cherche-t-on à camoufler l'échec de sa transformation derrière une muraille de déchets verts (futurs déchets verts). Le patio du Musée pourrait bien être temporairement valorisé comme décharge verte, en attendant son hypothétique réouverture. Le Musée Dobrée servirait au tri sélectif des métaux anciens...
RépondreSupprimerComme vous avez raison, par ailleurs : on déracine à Nantes autant qu'on peut ; on méprise, de fait, le végétal, qui pourtant conditionne l'existence de l'ensemble du règne animal - nous compris...
Voyons le sac à déchets à moitié plein et non à moitié vide : au moins, il procédait d'une idée originale. Une fausse bonne idée, certes, mais une idée quand même.
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