Jean Blaise part en retraite à la fin du mois. C’était un
personnage important de ce blog puisqu’il est au moins cité dans 166 des
1 131 articles parus ici depuis 2008, soit près de 7 %. Une dizaine
d’entre eux lui sont même consacrés. Si les louanges officielles ne vous
suffisent pas, vous pourrez vous référer par exemple à cette série parue en 2014 :
1. C’est le requiem pour Jean Blaise
2.
Jean Blaise, culturel ou politique ?
3.
Se réchauffer à la flamme des Allumées
4.
Fin de cycle
5.
Il y a quelque chose de pourri au royaume de Jean-Marc
6.
Aveu tardif
2014, c’était la fin de sa période flamboyante. C'était aussi l'élection municipale. Une déclaration de Johanna Rolland a fait croire qu'elle allait changer de politique culturelle, et des langues ont commencé à se délier. Puis Jean Blaise a sauvé sa place et les langues se sont reliées et ralliées. Puis la
routine s’est installée. On est entré davantage dans le registre du comique de répétition.
Jean Blaise a toujours été, comme on dit, un « bon
client », jamais avare d’affirmations péremptoires, de prétentions acrobatiques et de vérités alternatives. Le plus étonnant n’est pas qu’il
soit tant critiqué ici ; c’est qu’il le soit si peu ailleurs.
Flagornerie ? Pas forcément. Pour les éloges, il
suffisait de citer. Dès
l’époque d’Estuaire, Jean Blaise n’a pas lésiné sur l’autopromotion.
Pour les critiques, il n’aurait pas été nécessaire de gratter beaucoup. En
particulier lors de la présentation de résultats faux, improbables
ou invérifiables, éventuellement retouchés
a posteriori en fonction des besoins ultérieurs, comme
en 2012. Pour qu’un échec soit reconnu, il fallait qu’il soit patent, et
même ainsi Jean Blaise trouvait éventuellement des boucs émissaires, comme Hécate en 2017.
La bonne presse
Un rapport
de la Chambre régionale des comptes aurait pu lui coûter sa carrière en 2011. La presse a alors su modérer ses critiques. Il
lui est néanmoins arrivé de se lâcher, par exemple à
propos de son travail au Havre pour le compte d’Édouard Philippe à un
moment où il
aurait plutôt dû préparer la réouverture du musée d’arts, ou à propos de l’échec
du Voyage en Hiver. Frap, dans Presse Océan, lui a consacré un
certain nombre de caricatures vachardes et bien senties.
Et si l’irrégulomadaire satirique nantais
La Lettre à Lulu se montre discret
(les moteurs de recherche ne repèrent dans ses pages qu’une douzaine de
mentions, anodines pour la plupart, en plus de vingt ans et 129 numéros), le média
autonome
Contre-Attaque a émis quelques
critiques
virulentes, tandis que le site d’investigation
Mediacités publiait
plusieurs enquêtes fouillées qui ont dû faire tousser du côté de la rue Crucy,
par exemple
à
propos des résultats financiers de la SPL Le Voyage à Nantes.
Le bilan réel de Jean Blaise reste à écrire : Son
action a-t-elle, comme espéré et prétendu, inscrit Nantes sur la carte culturelle internationale ?
Que reste-t-il réellement des
Allumées ? À quel point les « œuvres pérennes » du Voyage à
Nantes ont-elles enrichi la ville ? Que va-t-on faire des Humans de
Breuning ? Les opérations estivales ont-elles créé une attente dans le
public ? Le déficit financier
de 2023 est-il un accident passager ? Les Machines de l’île
peuvent-elles se relancer sans Arbre aux Hérons ? La « promotion
culinaire » façon VAN s’adresse-t-elle au bon public ? La justice
risque-t-elle de débusquer d’autres
Station Nuage ? Etc. Sophie Lévy n'a probablement accepté la
succession que sous bénéfice d’inventaire.
Voir
biographie résumée dans Nantes Plus :
ttps://nantesplus.org/bluff-et-blaise-sont-dans-un-bateau-derniers-coups-de-rames-avant-la-retraite/
Bluff
et Blaise sont dans un bateau : derniers coups de rame avant la retraite