26 juin 2011

Nantilus (2) : Il ne se fond pas dans le paysage. Heureusement.

Sur le quai François-Mitterrand, que voit-on au fil de la Loire ? Quelques immeubles de bureaux sans grand caractère, la baraque à hot-dogs de l’Atelier Van Lieshout, un bâtiment sans identité dont on a peine à croire qu’il abrite une école d’architecture, le gros bloc noir déjà un peu décati de Jean Nouvel, un hôtel particulier en ruines, des ensembles de logements chics mais déparés par les pancartes qui tentent de caser les locaux commerciaux du rez-de-chaussée, le siège laborieusement camouflé d’Harmonie Atlantique, le sinistre béton du pont Anne de Bretagne…

Après ce pénible parcours, le Nantilus apparaît quasiment comme un chef-d’œuvre de discrétion et d’élégance. Certes, ça n’est qu’une boîte de verre et de métal, tel un immeuble de bureaux de la fin du XXe siècle. Pourtant, sa conception semble assez élaborée.

Il n’est pas comparable, par exemple, à la crèche flottante du quai Henri-Barbusse, double conteneur massif qui fait de l’Erdre un terrain à bâtir. Le Nantilus, au moins, tente de se donner un caractère fluvial, sans prétendre pour autant se déguiser en bateau. Sa disposition asymétrique paraît habile. Ouvert au maximum côté Loire, il est largement dissimulé par ses immenses escaliers côté quai, ce qui incite à aller voir de plus près. Sa « cheminée » façon paquebot relève du clin d’œil au second degré. Son amarrage à quelques mètres du quai le dissocie nettement de la terre ferme.

Bref, aussi malveillant soit ce blog, ce n’est pas sur son esthétique qu’on chicanera la barge d’Olivier Flahault.

25 juin 2011

Nantilus (1) : Mieux vaut ne pas lui tourner le dos

C’est dur à dire, mais on n’arrive pas à détester vraiment le Nantilus.

On essaiera de dire pourquoi dans les prochains jours. Pour commencer, avant de regarder la barge, tournons-lui le dos. Et que voyons-nous ?


Cet amoncellement de poubelles et ce parking sauvage sont-ils vraiment préférables au Nantilus ? On note au passage que les Nefs des chantiers navals sont transformées en panneau publicitaire pour La Machine, une association de droit privé qui joue de sa proximité avec Les Machines de l’île mais qui est parfaitement indépendante de Nantes et de la communauté urbaine, même si elle est subventionnée par elles. Elle n’est même pas nantaise puisque son siège se trouve en Haute-Garonne.

Le décor côté terre étant ainsi planté, on va pouvoir parler du Nantilus.

23 juin 2011

Feu la guérite du quai Ceineray

On avait signalé ici le 14 septembre dernier le triste état de la guérite du navibus du quai Ceineray, devant la préfecture.
La mairie de Nantes n’aura tergiversé que neuf mois avant de faire un choix entre la réparation et la suppression. Elle a choisi la suppression, effective depuis quelques jours. La réparation n’aurait pas été bien lourde, mais comme l’édifice ne servait plus à rien…
Il aura été utile moins de temps qu’il n’en a passé entouré de barrières inesthétiques. Et le bilan financier de ce gaspillage reste à calculer.

22 juin 2011

Mur de Berlinpinpin

Le mur de Royal de Luxe est représentatif de la « culture » façon Ayrault : de grosses dépenses au service d’un toc plus ou moins tape-à-l’œil – ici un faux mur décoré d’une fausse fresque mexicaine. Avec en prime un aveu implicite d’ignorance crasse. Malgré la pirouette pataude tentée par Jean-Luc Courcoult (« Ce n’est pas l’histoire de la ville mais juste les souvenirs de la Petite Géante »*), chacun voit bien que les concepteurs du mur ont la culture courte : à Sophie Jozan et aux autres opposants notoires de le souligner. Qu’ils dressent la longue liste des personnages manquants et viennent en corps constitué la placarder au dos de l'objet du délit !

Et puis, il reste de la place sur le mur. Comme on l'a noté ici, les nombreux figurants pourraient être remplacés par des personnages réels, ce qui permettrait de rectifier le tir. David Bartex et son équipe ont le pinceau assez agile pour retoucher leur travail sans l’altérer. Réclamer la destruction d’un édifice bien réalisé et apprécié de nombreux Nantais n’est sûrement pas un bon calcul électoral. Réclamer son amélioration tout en mettant en valeur la médiocrité municipale le serait davantage.

Pendant près de trente ans, le mur de Berlin a été un manifeste anti-communiste bâti par les communistes eux-mêmes. Toutes proportions gardées**, il ne tient qu’à Mme Jozan d’exploiter le « mur de la honte » local : si la municipalité refuse de le retoucher, elle prouve sa psycho-rigidité, si elle le retouche, elle avoue ses lacunes***. Pile, Jozan y gagne, face, Ayrault y perd.
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* Propos rappelés par Stéphane Pajot dans Presse Océan du 10 juin. M.Courcoult est formellement démenti par la mairie de Nantes, dont le site web indique encore à ce jour, le 22 juin : « La peinture murale nantaise tombée du ciel illustrait "La véritable Histoire de Nantes, du Moyen-âge à nos jours". »
** On ne tire pas à balles réelles sur les opposants notoires. En réalité, le mur de Nantes tient plutôt de la pissotière de Clochemerle (cf. le post d'hier).
*** Le site web de la mairie de Nantes a longtemps évoqué « la flèche de la cathédrale de Nantes, témoin des temps anciens ». Quelque jours après la parution ici-même d’un post sur le sujet, cette flèche imaginaire a été retirée.

21 juin 2011

Le mur de Royal de Luxe : enfin le retour des pissotières gratuites ?

Sophie Jozan et les opposants municipaux d’Ensemble pour Nantes veulent abattre le mur de Royal de Luxe. Mais pourquoi le dire si mollement ? Si MM. Julien Bainvel, Yann Roland, Hervé Grélard et quelques autres venaient en délégation pisser solennellement sur l’objet de leur courroux, leur message serait autrement mieux compris.

Ils pourraient même ancrer leur geste dans la branchitude : après l’apéro Facebook sur la place Royale, l’urino Facebook sur la place de la Bourse, la bien nommée. Ils pourraient en faire une illustration des vertus diurétiques du muscadet, qui a bien besoin de promo musclée ces temps-ci ; sûrement, MM. Serge Poignant et Laurent Dejoie se joindraient alors de bon cœur à la manifestation.

Mais, on y reviendra demain, Mme Jozan et ses amis auraient d’autres moyens plus productifs d’utiliser ce mur.

20 juin 2011

Nantes, jouet des caprices de Marianne

Pour bien des hebdos flageolants, les numéros spéciaux locaux sont une bouée de secours. Marianne, à son tour, à sacrifié à cette pratique avec un spécial Nantes qui ne restera pas dans les annales. « Jean-Pierre Levesque ne décolère pas », y lit-on entre autres. Le responsable des questions juridiques à l’Institut culturel de Bretagne critique, explique Marianne, la douteuse exposition sur les Nantais venus d’ailleurs actuellement visible au château.

Marianne n’aura sans doute pas calmé sa colère. « Les Bretons, lui fait-elle dire, sont arrivés à Nantes au Ve siècle et y ont créé un duché resté indépendant jusqu’au XIIIe siècle. C’est alors qu’il a été rattaché à la région Bretagne, jusqu’à ce que le régime de Vichy crée la Loire-Atlantique. »

Cumuler en quarante mots autant d’erreurs historiques grossières est un petit exploit journalistique ! Si les compliments qu'adresse l'hebdomadaire à Jean-Marc Ayrault sont de la même eau, ils tiennent du pavé de l'ours.

18 juin 2011

Un calendrier à réviser pour les Machines de l’île

Un lecteur de ce blog, commentant le post d’hier, note que l’Éléphant sera bien arrêté neuf jours ouvrables entre le 21 et le 30 juin. Certes, mais du 21 au 30, comme l’écrivent les Machines, il sera arrêté dix jours. Serait-ce en français et non en calcul que les Machines pèchent ?

On n’ose y croire. Les Machines maîtrisent parfaitement la langue de bois – en tulipier de Virginie bien sûr.

« Comme chaque année, une révision générale du Grand Éléphant est prévue avant la grande affluence de la belle saison », écrivent-elles. Cette tradition annuelle est forcément récente puisque l’Éléphant n’a pas quatre ans. En réalité, il ne s’est arrêté « avant la grande affluence de la belle saison » que l’an dernier et non chaque année. En 2009, il avait subi un arrêt bien plus tôt, du 27 au 30 avril.

Comme en 2009 et 2010 cependant, cette révision générale s’est invitée soudain dans le programme des Machines. Elle a beau être « prévue » d’une année sur l’autre, le calendrier d’ouverture diffusé largement depuis le début 2011 n’en dit rien. Il n'annonce aucune interruption du fonctionnement de l’Éléphant en juin, sauf les lundis. Lui aussi aurait besoin d’une révision générale.

L’université de Nantes se félicitait récemment des soins apportés à l’Éléphant par trois de ses étudiants en électrohydraulique. « Au terme de leurs recherches, les étudiants ont proposé un schéma opérationnel qui permet désormais de mieux gérer la marche de l'éléphant » écrivait-elle le 16 juin. Fâcheuse coïncidence : le même jour, les Machines annonçaient que cette marche désormais mieux gérée devrait être interrompue !

Et malgré l’intervention salutaire des jeunes électrohydrauliciens, la durée des soins exigés par l’engin s’allonge « comme chaque année » :

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N.B. Météo France a révisé ses prévisions pour aujourd'hui : à présent, les rafales de vent ne devraient pas dépasser 55 km/h. Encore au-dessus des 50 km/h considérés comme la limite supportable, mais comme indiqué hier, tous les espoirs sont permis.

17 juin 2011

Jours égarés aux Machines de l'île

On s’est plus d’une fois moqué ici des comptes hasardeux des Machines de l’île. Il y a quelque chose de mystérieux dans leur incapacité chronique à calculer juste.

« Comme chaque année, une révision générale du Grand Éléphant est prévue avant la grande affluence de la belle saison, durant laquelle il voyagera 7 jours/7 », indique leur site web. « Il va donc être arrêté neuf jours, du mardi 21 au jeudi 30 juin inclus. » Pourquoi les Machines ont-elles tenu à préciser « neuf jours », alors que la période indiquée en fait notoirement dix ?

D’ailleurs, l’éléphant ne fonctionne pas non plus le 20, ce qui fait en réalité onze jours d’arrêt !


Cette interruption tombe mal, puisque la machine sera hors service au moment où la météo s’améliorera, en milieu de semaine prochaine, après quelques rudes journées. Si rudes que les sorties de demain devraient en principe être annulées à cause du vent. En effet, selon Pierre Orefice, « on ne peut pas sortir [l’éléphant] au-delà de 50 km/heure » (Ouest France, 10 février 2011), et Météo France annonce pour ce samedi des rafales à 65 km/h.

Mais si les calculs anémométriques des Machines sont aussi hasardeux que leurs calculs calendaires, tous les espoirs sont permis.

05 juin 2011

People du boat sur la Loire à Nantes

Non, cette photo prise le 31 mai dernier ne montre pas des boat people cherchant à s’échouer sur l’île de Nantes après avoir manqué Lampedusa mais des people nantais faisant le tour du propriétaire de la barge Nantilus à peine amarrée face aux anciens chantiers navals (on y reviendra ici sous peu).
Les coups de sifflet désespérés d’un ancien soudeur de la Navale venu en tenue d’époque protester contre l’installation du Nantilus ne recueillirent que quolibets. C’était le pot de terre contre le bobo de fer. Le soleil était de la partie et l’ambiance au beau fixe.
Rien n’avait d’ailleurs été négligé à bord. Le bar installé à l’arrière de l’embarcation inspirait forcément la bonne humeur.

02 juin 2011

Qui veut une place sur le mur de Royal de Luxe ?

Le dernier spectacle de Royal de Luxe a coûté cher au contribuable nantais. Mais voici un moyen de couvrir une partie du coût.

Le mur de la place de la Bourse, on l'a dit, ne représente pas les 300 Nantais initialement annoncés mais seulement une cinquantaine. Les autres personnages ne sont que des figurants. Personne ne tient à eux, personne ne protestera si l'on remplace leur portrait par celui de quelqu'un d'autre. Et, tant qu'à faire, par le vôtre.

Les places des
personnages
entourant
Gilles de Rais
sur son bûcher
sont à prendre.
La ville de Nantes pourrait donc mettre ces emplacements aux enchères. Vous voulez avoir votre place parmi les Nantais illustres ? Il suffit de payer. Vous souhaitez être vu à côté d'Anne de Bretagne plutôt que de Jean-Marc Ayrault ? C'est sûrement plus cher.

La vente aux enchères des places du mur attirerait les foules. Elle attirerait aussi l'attention de la presse : du tout bon pour une ville aussi soucieuse de notoriété. Enfin, ce serait un moyen de faire connaître la nouvelle salle des ventes du Crédit municipal. Henri Veyrac s'en donnerait certainement à coeur joie.