Ah ! le beau métier ! Le Voyage à Nantes s’est doté d’un responsable de la promotion culinaire, en la personne de Richard Baussay. À en croire le portrait forcément louangeur qu’en fait David Pouilloux sur le site web de Nantes Métropole, la principale compétence du nouveau promu est d’avoir eu une grand-mère bonne cuisinière. Mais il possède un viatique autrement précieux : dix ans au Lieu Unique.
Sa première mission a été de publier le Guide les Tables de Nantes 2011, distribué gratuitement par l’Office du tourisme. Il « propose 88 bons restaurants, à tous les prix, dans tous les styles, du quotidien à l’extraordinaire », assure Nantes Métropole. L’un d’eux a sans doute été éjecté chemin faisant, car le Guide n’en compte que 87. On peut se demander s’il entre bien dans la mission du Voyage à Nantes de désigner les meilleures tables de Nantes, au détriment des autres, mais les élus s’en féliciteront : le document, qui tient dans la poche, présente bien.
La cuisine nantaise ? « C’est une cuisine qui n’est pas fixée sur une identité », assure Richard Baussay à Nantes Métropole. « Les Tables de Nantes, c’est réaffirmer et valoriser l’identité de notre cuisine », écrit-il sans peur de se contredire (sa version perso du sucré-salé, peut-être) dans l’introduction du Guide : toutes les saveurs sont dans l’assiette, et réciproquement. L’opuscule fait néanmoins une belle place aux cuisines venues d’ailleurs, puisqu’il s’ouvre sur un coup de cœur en faveur de Song Saveur et Sens, restaurant asiatique de la rue Santeuil. On y trouve aussi des restaurants italiens, irlandais ou japonais et des crêperies (l’exposition du Château nous a appris que les Bas-bretons étaient des Nantais venus d’ailleurs…), mais les auteurs n’ont pas poussé le néo-nantésianisme jusqu'au couscous ou au kebab.
Les 87 élus forment un éventail très classique. « Ça ne sert à rien de célébrer des tables que tout le monde connaît » a pourtant déclaré Richard Baussay au journal professionnel L’Hôtellerie-restauration. « Notre choix a été de trouver des adresses encore peu connues, des gens en devenir.» Entre autres adresses peu connues, on trouve là Baron-Lefèvre, La Cigale, L’Atlantide ou la Villa mon rêve ! En revanche, des tables de qualité comme L’Embellie, Le Bouche à oreille, Le Paludier, Le Café du marché, Le Carafon, Le Transbordeur ou Aux fourneaux, sont absentes. Tout comme des endroits aussi branchés que Félix, Teo, O’Deck, le Café Charbon, Joe Carpa ou… Le Lieu Unique.
Bien que Le Voyage à Nantes assure avoir rassemblé un jury « hétéroclite » d’une dizaine de gastronomes, les critiques sont minimalistes et souvent stéréotypées. L’expression « cuisine bistrotière » y figure une demi-douzaine de fois. Bizarrement, L’Atelier d’Alain est qualifié de « bistrot de quartier » tandis que la décoration vert-blanc-noir de Tontonpic est « chaleureuse » et que Les Agapes est « très prisé par ceux qui le connaissent ».
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