15 septembre 2017

Nicole Araignée ? Quel drôle de nom pour un peintre !

Le musée d’arts se hâte lentement. Nantes Métropole recherche pour lui un conseil en communication« Suite à l'ouverture du musée au public le 23 juin 2017, le service communication du musée doit mettre en oeuvre sa politique de communication », explique froidement la direction de la culture. Eût-il pas été préférable que ledit service se préoccupât d'accomplir sa mission avant même l'ouverture du musée au public ? Sans doute a-t-il été pris de court par la rapidité de celle-ci, avec seulement quatre ans de retard sur les prévisions initiales. Il lui aura fallu encore près de trois mois pour découvrir qu'en raison de « compétences actuellement absentes du service » il a besoin d'un prestataire extérieur.

Ce dernier, retenu pour quatre mois, devra se charger de tâches exigeant des compétences rares comme la « rédaction de dossiers de presse » et les réponses aux « sollicitations et besoins divers du service ». Mais il ne sera pas seulement chargé de rattraper le temps perdu : il devra « préparer la communication de la première grande exposition temporaire d'hiver ». Celle-ci « établit le musée dans le concert des grands musées européens mais également internationaux comme Le Louvre, la National Gallery de Londres ou encore le Metropolitan de New-York », claironnait six mois à l’avance le dossier de presse du musée d’arts. Elle ouvrira ses portes le 1er décembre. C’est-à-dire que le communicant choisi n’aura en pratique que deux mois pour hisser le musée d’arts de Nantes au niveau des plus gros calibres internationaux. On cherche un surhomme.

Le défi est d’autant plus grand que l’exposition grâce à laquelle le musée d’arts de Nantes se mesurera au Louvre et au Metropolitan sera consacrée au peintre Nicolas Régnier (1591-1667). Un « génie caravagesque », assure le dossier de presse du musée, pas avare de compliments, mais un génie quand même pas très connu à ce jour. Du reste, il semble que Nantes ne possède pas une seule de ses œuvres : les quarante tableaux exposés viendront d’ailleurs. Pourquoi alors avoir choisi cet artiste pour une première exposition de prestige ? Sans doute parce que la Bretagne possède avec Annick Lemoine, enseignante à l’université de Rennes 2, la première (et seule) spécialiste internationale incontestée de son œuvre.

L’exposition sera sûrement irréprochable. Un catalogue publié par Liénart est déjà dans les cartons. Un colloque international sur les peintres étrangers en Italie au temps de Nicolas Régnier aura lieu dans l’auditorium du musée sauvé à grands frais des eaux souterraines. Ne reste qu’à faire venir le public. Là, ce sera au conseil en communication de jouer. Et il n’aura pas la tâche facile puisque Nicolas Régnier n’est pas seulement peu connu, il l’est sous différents noms. Hors de France, ce peintre flamand qui a surtout exercé en Italie est plus souvent appelé Niccolò Renieri, ce qui ne favorise évidemment pas une notoriété internationale. Déjà que tout le monde ne sait pas que Leonardo da Vinci ne fait qu’un avec Léonard de Vinci…

10 commentaires:

  1. Amusant votre titre.
    Effectivement un peu surpris par cette annonce car il y a une personne déjà responsable de la communication.Serait-elle partie?
    Pour Régnier il est effectivement peu connu du grand public mais dans le livre passionnant de Michael Fried sur Le Caravage il est non seulement cité mais bénéficie d'une reproduction.Bonne lecture!
    Amitiés
    alain

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  2. Merci pour la référence. Nicolas Régnier a aussi été évoqué, et situé dans son milieu, par Annick Lemoine dans un entretien avec France Culture à propos de l'exposition "Les Bas-fonds du Baroque" au Petit-Palais en 2015, dont elle était commissaire (cf. https://www.franceculture.fr/personne-annick-lemoine). De quoi faire regretter de ne pas avoir vu l'exposition -- et donner hâte de voir celle de Nantes.
    Avoir choisi Nicolas Régnier comme thème de la première exposition de prestige du musée d'arts est une idée séduisante, puisque ce sera une première mondiale pilotée par la spécialiste du sujet. Mais ce n'est pas un thème "autoporteur" comme l'aurait été une exposition sur Monet ou Picasso. Il faudrait donc soigner spécialement la communication pour expliquer son intérêt. Or deux mois paraissent vraiment très courts pour bâtir une stratégie développée et réaliser des contenus percutants.

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  3. ...et à propos du titre, au fait, il n'est pas vraiment de moi. Vous aurez reconnu Jacques Prévert : "Le Pape est mort, un nouveau Pape est appelé à régner. Araignée ! quel drôle de nom, pourquoi pas libellule ou papillon ?"

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  4. Faut-il penser que l'"Accompagnement de Nantes Métropole pour les relations presse dans le cadre de l'inauguration du Musée d'Arts de Nantes" au prix global et forfaitaire ferme et définitif qui ne pouvait, en toute hypothèse, excéder 80 000 € HT l'a été en pures pertes?

    Quand Mme Rolland tente de justifier l'alourdissement conséquent de la fiscalité locale par la baisse des dotations nationales, ne serait-il pas plutôt judicieux de s'interroger sur la pertinence des dépenses?

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  5. Très juste. Autre hypothèse : est-on en train de saucissonner le budget de com' pour le rendre moins voyant et/ou pour éviter de dépasser certains seuils ? La com' du lancement a été confiée à Claudine Colin Communication, bénéficiaire depuis longtemps de nombreux contrats métropolitains. Vu la médiocrité des résultats, lui confiera-t-on celle de l'exposition ?

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  6. la même sans doute qui a été chargée de la com...d'un été au havre de jean blaise
    http://www.claudinecolin.com/fr/1390-un-ete-au-havre

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  7. Le budget com' externe de Nantes Métropole est décidément "étrange". Le processus de mutualisation y est-il pour quelque chose?

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  8. Léonard de Vinci, le fondateur breton du groupe mondial de BTP? je suis scié!
    Pourquoi breton? bah, léonard.
    Plus sérieusement, on constate que le dircom partout devient le dauphin du PDG en exercice surtout en politique et dans les agences publiques culturelles qui se multiplient à l'infini, tandis que les directeurs industriels sont relégués au rang de grouillots de luxe.

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  9. On la connait : Au siècle dernier, un facteur des PTT trouva, un jour, un colis sans adresse, avec une simple araignée délicatement occise (dans un micro-climat d'éther) et collée dessus... La logique mnémonique ne fit qu'un quart de tour dans la tête du préposé :

    - A Raigner, s'écria-t-il ? Alors c'est pour Monaco !

    Inutile de préciser que l'histoire se passait au temps de la magnifique et regrettée Grâce...

    Oui, oui... Je sors...

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  10. Et YelloPark alors ?
    La capacité nantaise à servir de faire-valoir est surprenante. Quand on constate pour quels médiocres, c'est effrayant.

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