29 octobre 2011

Nantes, la belle endormie ? (1) Perdue dans la foule des dormeuses

Nantes, nous répète-t-on, a eu été une belle endormie. Fort heureusement, un prince charmant l’a réveillée. « À partir de 1989, une majorité de gauche et de progrès réveilla Nantes, la belle endormie », lit-on ainsi sur le site web de Nantes Métropole*. Le Voyage à Nantes, on l’a vu avant-hier, a suivi. Ce conte de fées, que même certaines grandes personnes gobent, n’est pas original.

Il est même très classique de présenter sa ville comme une belle endormie quand on est dans l’opposition municipale et comme une belle réveillée une fois qu’on a conquis la mairie. Vingt minutes de recherche sur le web suffisent pour répertorier des belles endormies par dizaines.

En tête vient sans conteste Bordeaux, et non Nantes. Dès 1969, Jean Claude Guillebaud et Pierre Veilletet utilisaient l’expression dans Chaban-Delmas ou l'Art d'être heureux en politique (Bernard Grasset). Elle a été sans cesse reprise depuis lors, y compris pour évoquer un réveil depuis l’élection d’Alain Juppé à la mairie.

À quelque distance suivent avec une belle régularité Aix-en-Provence, Metz, Reims, Arras (« surnommée depuis plusieurs siècles 'La Belle Endormie’ », assure le site web du département du Pas-de-Calais), Rouen et Nantes, qui n’est donc pas trop loin de la tête de course.

Derrière, on trouve plus épisodiquement Aire-sur-la-Lys, Alençon, Angers, Angoulème, Arcachon, Auxerre, Avranches, Baccarat, Bar-le-Duc, Beaucaire, Bergerac, Bergues, Besançon, Béthune, Béziers, Bois Guillaume, Boulogne-Billancourt, Brest, Brouage, Caen, Chalon-sur-Saône, Chartres, Châteaulin, Chaville, Chennevières, Clermont-Ferrand, Clisson, Colmar, Compiègne, Crépy, Croix, Dignes-les-Bains, Dijon, Dole, Escalles, Fontainebleau, Grasse, Gray, Hesdin, Lamorlaye, Landerneau, La Rochelle, Lembeye, Le Touquet, Lille, Luisant, Lyon, Mandelieu-La Napoule, Marseille, Martigues, Menton, Mont-de-Marsan, Montauban, Montélimar, Montpellier, Morlaix, Moulins, Nancy, Neuilly-sur-Seine, Nice, Nîmes, Obernai, Offwiller, Orthez, Pau, Perpignan, Port-Vendres, Pougues-les-Eaux, Quimper, Riom, Romagnat, Roubaix, Royan, Saint-Amand-les-Eaux, Saint-Lizier, Sallanches, Sarlat, Saumur, Senlis, Sierck-les-Bains, Strasbourg, Toulouse, Tourcoing, Tours, Troyes, Uzès, Vannes, Verneuil-sur-Seine, Villecresnes, Vitré, Viviers, Wissembourg et même Paris. Et bien d’autres encore, certainement.

Encore ne s’agit-il là que des villes françaises : il faudrait y ajouter Alger, Bratislava, Yamoussoukro, Venise, Rome, Joffreville, Sofia, Saint-Louis du Sénégal, Luang Prabang, Berlin, Tanger, Dellys, Le Caire, Tabarka, Milan, Portofinno, Azemmour, Bergen, Alcantara, Bruges, Florence, Rabat, Istanbul, Trinidad, Tournai, Savannah, Genève, Meknès, Ratisbonne, Belém, Crans Montana, etc.

Qualifier une ville de « belle endormie » relève donc soit du nombrilisme, si l’on ignore les autres, soit du cliché absolu, dans le cas contraire. Nantes Métropole et Le Voyage à Nantes sont dans quel cas ?
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* Cette description est faite par le groupe socialiste, radical, républicain et démocrate, majoritaire au conseil communautaire, non par la communauté urbaine ès qualités.

28 octobre 2011

Nantes, la belle hallucinée (2) : une stratégie insuffisante

Le Voyage à Nantes, on l’a dit hier, considère que le passé lointain est nul et en fait d'autant plus volontiers table rase. Occultée, en particulier, la capitale de la Bretagne ducale. La ville, semble-t-il, n'est née pour de bon qu'à l'arrivée de Jean Blaise, et doit fonder son projet touristique sur le « socle constitué par vingt ans de politiques culturelles innovantes ».

Quelles politiques ? Le manifeste publié sur un site de communiqués de presse invoque trois « événements de retentissement international » : Folle journée, Royal de luxe et Estuaire. La Folle journée, c’est cinq jours par an au mois de février. Royal de luxe, c’est quelques heures de spectacle tous les deux ans. Estuaire, c’est un mois et demi tous les deux ou trois ans. Il y a là de quoi alimenter un bon gros dossier de presse, mais espère-t-on faire vivre un écosystème touristique, douze mois par an, sur des coups événementiels ?

Et puis, la Folle journée est organisée depuis 1995, Royal de luxe est à Nantes depuis 1990 et la première édition d’Estuaire date de 2007 : si ces « événements de retentissement international » devaient attirer dans la ville les étrangers par millions, ça se saurait déjà. En réalité, le « retentissement international » de la Folle journée et de Royal de luxe est assuré surtout par l’exportation du concept de l’une et des spectacles de l’autre. Quant à celui d’Estuaire, on l’a déjà dit , il est minuscule.

Le Voyage à Nantes s’apprête à miser de gros budgets publicitaires sur un concept fumeux assené à force d'incantations, sans le moindre début de démonstration. Il satisfera sans doute quelques egos, mais il n’a aucune chance de rentabiliser l’argent des Nantais.

27 octobre 2011

Nantes, la belle hallucinée (1) : une posture suffisante

Voici quelques jours, le site web CP de Voyage, qui héberge des communiqués de presse sur le voyage, a publié un curieux texte intitulé « Nantes de la belle endormie* à la belle éveillée ». Ce communiqué a été rédigé, ou du moins suscité, par Le Voyage à Nantes.

« Dans la plupart des cas, Nantes n’a pas d’image au-delà des frontières », affirme-t-il d’emblée. C’est apparemment justifié puisque « Nantes se trouve dépourvue d’un patrimoine d’exception ». Bien entendu, ces affirmations sans nuances sont excessives.

Pourquoi cet auto-dénigrement ? Pour mieux s’auto-glorifier, bien sûr. Nantes, dit le communiqué, « se distingue […] par une politique culturelle exemplaire qui depuis 20 ans n’a de cesse de la caractériser ». Et comme l’un des principaux protagonistes de cette « politique culturelle exemplaire » se trouve être le patron du Voyage à Nantes, la boucle est vite bouclée. « C’est, conclut le communiqué, sur ce socle constitué par 20 ans de politiques culturelles innovantes que repose le projet du Voyage à Nantes : proposer une offre culturelle singulière qui positionne Nantes comme destination enviée de ville d’art et de culture tant à l’échelle nationale qu’internationale. »

On est épaté par tant de suffisance : faut-il être aveuglé par la contemplation de sa propre image pour en faire le « socle » du marketing touristique d’une grande ville ? Et plus encore par tant d’inconséquence, car cette stratégie nombriliste met en jeu des millions d’euros d’argent public. On y reviendra demain.
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* On s'interrogera bientôt sur cette appellation non contrôlée.

26 octobre 2011

Au bon accueil

La municipalité de Nantes a confié les clés de La Fabrique à l’association SONGO. Lors du conseil municipal du 7 octobre elle lui a voté « pour financer l’acquisition d’un meuble d’accueil pour le hall du bâtiment A » une subvention de… 54.000 euros. À ce prix-là, La Fabrique n’achète sûrement pas ses meubles d’accueil chez IKEA.

25 octobre 2011

Le Pressoir a largué les amarres

C’est le genre de nouvelle qui vous gâche la semaine : Le Pressoir a déserté le quai Turenne au profit d’une crêperie. On n’a rien contre une nouvelle crêperie, bien sûr. C'est juste que la disparition du restaurant est un coup dur. On y servait, assaisonnée d’un délicieux accent américain, une cuisine inventive et subtile, maritime et terroitée, où les croustillants de pied de cochon voisinaient avec les poêlées de cèpes, la terrine de queue de bœuf au foie gras avec les rougets et les ormeaux. Et la carte des vins valait plus qu’un détour.

Malgré la simplicité du cadre, un dîner à deux pouvait aisément s’achever sur une addition à trois chiffres. Mais il la méritait.

Tout guide des restaurants est condamné à devenir obsolète sitôt qu’achevé. On ne reprochera donc pas à l’opuscule du Voyage à Nantes de répertorier encore le Pressoir. Mais puisque l’Office de tourisme a un bureau à 100 mètres du 11 quai Turenne, il aurait au moins pu mettre à jour son guide en ligne.

22 octobre 2011

Le Voyage à Nantes se fait connaître dans les Vosges

Ainsi que le fait remarquer obligeamment un lecteur de ce blog, le clip du Voyage à Nantes réalisé par Gaétan Chataigner vient d’obtenir le prix de la meilleure réalisation au Festival international du film touristique (FIFT). Bravo. C’est un pas vers la notoriété internationale.

Pas un très grand pas, tout de même. Comme ne le disent ni Ouest France ni Presse Océan dans leurs articles consacrés à l’événement, le FIFT est une manifestation de relations publiques organisée par les offices de tourisme de Saverne (12.000 habitants) et de Kaysersberg (3.000 habitants). Conformément aux lois du genre, on y échange la moutarde et le séné : des pros de la promo touristique s’y congratulent entre eux.

Si estimable soit-il, il est loin d’être unique. Il ne fait même pas partie du Comité international des festivals du film touristique (CIFFT), qui rassemble une quinzaine de manifestations de prestige du monde entier.

La quatrième édition du Festival, cette année, était ouverte à trois catégories de films : films de promotion touristique, films publicitaires à vocation touristique, films tourisme durable. Dans chaque catégorie, quatre prix devaient être décernés : Licorne d’or, prix de la meilleure réalisation, prix du meilleur scénario et prix du public. Ce qui faisait quand même douze prix prévus au total : pas mal pour vingt-six organismes de promotion touristique participants, dont quatre ou cinq étrangers, qui présentaient cinquante-quatre films au total.

En réalité, six prix seulement ont été décernés. Cela laissait quand même à chaque organisme présent près d’une chance sur quatre d’en obtenir un. Berry Province, qui avait saturé le terrain avec neuf films en compétition (un sixième du total !) a ainsi obtenu un prix du meilleur scénario pour l’ensemble de son œuvre.

20 octobre 2011

Pour les avocats, une abolition peut en cacher une autre

Presse Océan a publié hier une double page sur le Mémorial à l’abolition de l’esclavage. Une parution peut-être programmée de longue date : l’inauguration du monument a longtemps été prévue pour le 21 octobre 2011. Elle devait même être le clou de la Convention nationale des avocats, qui vient de s’ouvrir à Nantes. Comme on l’a déjà dit ici, la municipalité nantaise a vendu aux avocats une promesse qu’elle était incapable de tenir.

La Convention a poliment évité de remuer le fer dans la plaie : elle a modifié son contenu. Au lieu de la table ronde sur l’abolition de l’esclavage initialement annoncée, elle a organisé une table ronde sur… l’abolition de la peine de mort. Ainsi a-t-elle pu recycler l’intervention prévue d’Yves Repiquet, président de la Commission nationale consultative des droits de l’homme. Son programme officiel ne dit plus un mot du Mémorial naguère promis aux congressistes !

« Je suis sûr que vous allez vivre à Nantes ‘quelque chose qui en vaut la peine’ », y écrit néanmoins, citant André Breton, Bernard Morand, bâtonnier de l’Ordre des avocats de Nantes. Peut-être. Mais pas la chose promise.

Le chantier du Mémorial (ici le 19 octobre 2011) aurait dû
s’achever cet été pour inauguration le 21 octobre.

18 octobre 2011

Com' municipale : une dame de compagnie pour les RP de Nantes Métropole

Nantes Métropole dispose d’une direction de la communication pléthorique partagée avec la ville de Nantes. Ce n'est pas assez : au terme d’une compétition pas du tout pipotée, elle a confié son « accompagnement dans ses relations avec la presse » à une prestataire extérieure. Le contrat a été passé conformément aux règles des marchés publics. Les candidats devaient démontrer leurs « capacités technique, professionnelle et financière ». Cela aurait pu faire beaucoup de monde. Pourtant, le choix a été simple : il n’y a eu qu’une candidature.

Et, coup de bol, c’était celle de Marie d’Ouince. Installée rue de Bassano, dans le plus chic 16e arrondissement de Paris, Marie d’Ouince est spécialisée dans la communication politique des élus socialistes. Elle s'est même occupée de la communication de Lionel Jospin à Matignon, avec le succès qu'on sait, en 2001-2002.

Jean-Marc Ayrault la connaît bien : avant 2001, il l'employait comme chargée de communication en tant que président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale. Et Marie d’Ouince a déjà beaucoup « accompagné » la ville et la communauté urbaine de Nantes ces dernières années. L’an dernier, ses prestations ont coûté aux Nantais 60.996 euros TTC. Cette année, elle a fait un effort sur les prix : son « accompagnement » ne ne sera facturé que 58.656,00 euros TTC. C'est donné.

17 octobre 2011

Com' départementale : le conseil général veut se construire une image

On a signalé hier que la région des Pays de la Loire voulait acheter jusqu’à 230.000 euros H.T. d’« objets promotionnels » par an.

Elle n’est pas seule dans ce cas : deux jours plus tôt, le conseil général de Loire-Atlantique avait lui aussi publié au BOAMP une annonce portant sur l’achat d’objets promotionnels pour un maximum de… 230.000 euros par an pendant trois ans.

« La construction d'une 'image' du conseil général », expliquent doctement les services de Philippe Grosvalet, « impose notamment de pouvoir disposer d'objets marqués au logo de la collectivité, utilisés dans diverses circonstances : dotations en lots de manifestations comme les fetes des écoles, visites de personnalités, récompenses sportives, animation de stands lors de foires ou pour l'accueil de congrès et colloques ».

Créé par la loi du 28 pluviôse an VIII, le conseil général n’existe jamais que depuis 211 ans. Il est bien temps qu’il cherche à se construire une image.

16 octobre 2011

Com' régionale : Auxiette va ouvrir le parapluie pliant/automatique

« L’action se passe dans les Pays de la Loire, c’est-à-dire nulle part »
Sven Jelure, d’après Alfred Jarry, Ubu roi

On sent que les élections approchent : la région des Pays de la Loire a publié hier au Bulletin officiel des annonces des marchés publics un avis de marché portant sur la « fourniture d'objets promotionnels institutionnels ». Au menu : sacs à dos, mallettes en carton, sacs jetables biodégradables, stylos-bille en matériaux recyclés, calculatrices sans batterie (des bouliers, sans doute ?), tasses thermos, porte-clés à jeton, horloges de bureau, montres, clefs USB, boîte à bonbons, straps de sécurité et autres parapluies pliants/automatiques.

Il y en a quand même pour 50.000 à… 230.000 euros par an.

Faute d’exister par elle-même, la région en est réduite aux trucs les plus éculés de la promo commerciale.

15 octobre 2011

Es-tu Eire, Estuaire ?

On a dit ici que l’indépendance de la Bretagne – la Bretagne intégrale, bien sûr – serait tout bénéfice pour Audencia, notre grande école de gestion. Son cas n’est pas isolé.

Visible jusqu’à la fin de ce mois, Dublin Contemporary est la première exposition internationale d’art contemporain organisée en Irlande. Bon, elle est affectée de tous les tics du genre, mais peu importe.

C’est en quelque sorte Estuaire au bord de la Liffey. En plus grand : plus de cent artistes y sont exposés, soit bien davantage que lors des deux premières éditions d’Estuaire réunies. En plus local : beaucoup d’artistes irlandais figurent au catalogue, alors qu’Estuaire n’avait guère fait de place aux artistes bretons. En plus mondial aussi : le commissariat a été confié non à un apparatchik du cru mais à deux calibres internationaux, l’un Américain et l’autre Franco-péruvien. À en juger d’après les résultats de recherches sur Google, l’impact international de Dublin Contemporary est environ deux fois et demi celui d’Estuaire 2009.


Pourtant, le budget de Dublin Contemporary ne dépasse pas 2 millions d’euros, contre environ 9 millions pour Estuaire 2009* ! Comment est-ce possible ? Tout simplement, les organisateurs ont démarché les ambassades étrangères, qui y sont allées de leurs budgets d’action culturelle pour exposer leurs nationaux, à commencer par l’ambassade de France.

Si la Bretagne était indépendante, Leurs Excellences les ambassadeurs en auraient sûrement fait autant pour Estuaire, à la grande satisfaction des contribuables nantais.
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*Le budget d’Estuaire comprend, il est vrai, l’achat des « œuvres pérennes » dont les générations futures hériteront s’il en reste quelque chose. Mais leur coût ne s’est élevé « qu’à » 2 millions en 2009.

12 octobre 2011

Le Voyage à Nantes se lèche les babines

Ah ! le beau métier ! Le Voyage à Nantes s’est doté d’un responsable de la promotion culinaire, en la personne de Richard Baussay. À en croire le portrait forcément louangeur qu’en fait David Pouilloux sur le site web de Nantes Métropole, la principale compétence du nouveau promu est d’avoir eu une grand-mère bonne cuisinière. Mais il possède un viatique autrement précieux : dix ans au Lieu Unique.

Sa première mission a été de publier le Guide les Tables de Nantes 2011, distribué gratuitement par l’Office du tourisme. Il « propose 88 bons restaurants, à tous les prix, dans tous les styles, du quotidien à l’extraordinaire », assure Nantes Métropole. L’un d’eux a sans doute été éjecté chemin faisant, car le Guide n’en compte que 87. On peut se demander s’il entre bien dans la mission du Voyage à Nantes de désigner les meilleures tables de Nantes, au détriment des autres, mais les élus s’en féliciteront : le document, qui tient dans la poche, présente bien.

La cuisine nantaise ? « C’est une cuisine qui n’est pas fixée sur une identité », assure Richard Baussay à Nantes Métropole. « Les Tables de Nantes, c’est réaffirmer et valoriser l’identité de notre cuisine », écrit-il sans peur de se contredire (sa version perso du sucré-salé, peut-être) dans l’introduction du Guide : toutes les saveurs sont dans l’assiette, et réciproquement. L’opuscule fait néanmoins une belle place aux cuisines venues d’ailleurs, puisqu’il s’ouvre sur un coup de cœur en faveur de Song Saveur et Sens, restaurant asiatique de la rue Santeuil. On y trouve aussi des restaurants italiens, irlandais ou japonais et des crêperies (l’exposition du Château nous a appris que les Bas-bretons étaient des Nantais venus d’ailleurs…), mais les auteurs n’ont pas poussé le néo-nantésianisme jusqu'au couscous ou au kebab.

Les 87 élus forment un éventail très classique. « Ça ne sert à rien de célébrer des tables que tout le monde connaît » a pourtant déclaré Richard Baussay au journal professionnel L’Hôtellerie-restauration. « Notre choix a été de trouver des adresses encore peu connues, des gens en devenir.» Entre autres adresses peu connues, on trouve là Baron-Lefèvre, La Cigale, L’Atlantide ou la Villa mon rêve ! En revanche, des tables de qualité comme L’Embellie, Le Bouche à oreille, Le Paludier, Le Café du marché, Le Carafon, Le Transbordeur ou Aux fourneaux, sont absentes. Tout comme des endroits aussi branchés que Félix, Teo, O’Deck, le Café Charbon, Joe Carpa ou… Le Lieu Unique.

Bien que Le Voyage à Nantes assure avoir rassemblé un jury « hétéroclite » d’une dizaine de gastronomes, les critiques sont minimalistes et souvent stéréotypées. L’expression « cuisine bistrotière » y figure une demi-douzaine de fois. Bizarrement, L’Atelier d’Alain est qualifié de « bistrot de quartier » tandis que la décoration vert-blanc-noir de Tontonpic est « chaleureuse » et que Les Agapes est « très prisé par ceux qui le connaissent ».

11 octobre 2011

Estuaire : ce que ne dit pas Ouest France

Ouest France a publié samedi sous la plume de Philippe Gambert un article intitulé « Estuaire : ce que dit la Chambre des comptes ». Il était temps puisque le rapport de la Chambre régionale des comptes était disponible depuis le 7 juillet ! Il avait été commenté ici même le 17 juillet*.

Ce rapport n’est d’ailleurs pas consacré principalement à Estuaire, mais au CRDC/Lieu Unique. Ceux qui ne liront qu’Ouest France n’en sauront pas grand chose, même si l’article prétend en présenter « la substantifique moelle », réduite en fait à deux considérations, toutes deux relativisées, l'une sur l'insuffisance de financement de la biennale, l'autre sur le dénombrement de ses visiteurs.

C’est triste à dire, mais cet article a tout l’air d’un contre-feu destiné à tempérer les vives critiques formulées au conseil municipal de vendredi dernier par Isabelle Loirat et André Augier. Le quotidien y voit l’expression d’une position partisane, qu'il équilibre par une vague remarque de Jean-Louis Jossic sur la « rentabilité financière de la culture ».

Derrière sa formulation policée, cet article édulcore ainsi les conclusions du rapport de la Chambre régionale des comptes. Qui, derrière une formulation tout aussi policée, est sévère pour la gestion de Jean Blaise.
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* On notera cependant que le rapport avait fait l'objet d'un compte rendu d'Isabelle Labarre dans Ouest-France du 13 juillet. Les critiques de la Chambre régionale des comptes y étaient signalées, mais aussitôt tempérées par une réponse de Jean Blaise. Voir ici un commentaire de cet article.

08 octobre 2011

Cycliste à Nantes : (1) le troupeau de la Moutonnerie

Puisque Nantes Métropole proclame sa volonté de promouvoir l’utilisation de la bicyclette à Nantes, on imaginerait que les travaux de voirie sont l’occasion d’affirmer cette priorité. Ce n’est pas toujours le cas.

Le nouvel aménagement du pont de la Moutonnerie, au bout du boulevard de Stalingrad, comporte certes une piste cyclable en site propre pour qui veut tourner à droite vers Malakoff. Elle présente encore de petites bizarreries, comme cette ligne continue qui s'achève en sifflet sur une tranchée, mais nul doute que ça s’arrangera d’ici la fin des travaux.

Pour le cycliste qui continue tout droit, en revanche, le carrefour reste dangereux. La situation ne s’est pas améliorée. On pourrait même dire qu’elle a empiré : ces effigies de cyclistes écrasés sur le bitume semblent tenir du permis de chasse pour automobiliste pressé.
Les damiers verts d'autrefois étaient plus explicites. Et au moins, ils menaient boulevard Dalby. Désormais, le cycliste semble condamné à se diriger vers le boulevard Lyautey, comme si l'on ne pouvait plus se rendre au café de la Pompe à vélo (uh ! uh !). On note le panneau de fin de piste cyclable posé, de travers, à l'entrée du boulevard Lyautey. Ah ! parce qu'il y a une piste avant ?

07 octobre 2011

L’été indien nantais entre Belgique et Maroc

Pour présenter L’Été indien aux Nefs, les Machines de l’île ont réalisé un beau dossier de presse. « Bart Peeters est le musicien le plus connu de Belgique, y lit on. (…) Nous l’avons découvert, sur les conseils de nos amis d’Anvers, début juillet au festival Timitar d’Agadir. »

Attendez, il y a quelque chose qui cloche, là. Que le festival Timitar ait eu lieu en juin et non en juillet, encore, cela n’est qu’un détail. Mais fallait-il vraiment se rendre dans une station balnéraire du Sud marocain (aux frais du contribuable, suppose-t-on) pour « découvrir » le musicien le plus connu de Belgique ?

Les Nantais n’auront pas à aller aussi loin : Bart Peeters se produira sous les Nefs le 14 octobre. Il fera moins chaud qu'à Agadir, mais ce sera quand même aux frais du contribuable : le concert est gratuit.

06 octobre 2011

Le Musée des Beaux-arts de Nantes, à peine fermé, déjà en retard

« Dimanche, le musée des Beaux-arts a fermé ses portes pour deux ans de travaux d’agrandissement », écrivait Jean-Marc Ayrault sur son blog le 26 septembre. « Une fermeture avec la promesse d’un grand musée d’art à Nantes ouvert à tous les publics en 2013 ! » La promesse !

La ville de Nantes a bien lancé au mois de mai dernier des avis de marché portant sur les travaux à réaliser. « A titre indicatif, était-il précisé, le démarrage de la période de préparation est prévu en octobre 2011. » La durée prévue de l’ensemble des travaux, y compris la préparation, était de 23 mois. Vingt-trois mois à partir d’octobre 2011, le compte était bon : la réouverture pouvait avoir lieu à l’automne 2013.

Mais les entreprises ne se sont pas bousculées au portillon. Il a fallu publier un nouvel avis, paru  au BOAMP d’hier. Les lots concernés ne sont pas négligeables : ils portent sur la structure, les fondations, les terrassements, les bardages métalliques, les menuiseries extérieures, les revêtements de façades et enduits, les menuiseries intérieures et les peintures !

Évidemment, il n’est plus question de commencer en octobre : le début de la préparation des travaux est désormais fixé à avril 2012. Sauf miracle, donc, la réouverture du musée n’interviendra pas avant le printemps 2014.

05 octobre 2011

Nantes.fr corrige le New York Times

L’article du New York Times à la gloire de Nantes (cf. le précédent post) indiquait que la réussite de la ville avait « une composante technologique ». En particulier, ses citoyens peuvent « obtenir des adresses électroniques gratuites, accessibles de chez eux ou de l’un des cent cinquante terminaux publics installés par la ville ».

Ce matin, le site web de la ville salue cet hommage à sa manière en annonçant que ce service,  Mail in Nantes (en français dans le texte), est en panne :

Nantes in Brittany, Indeed

Le New York Times a publié le 30 septembre un article de Christopher F. Schuetze sur la ville de Nantes. Plutôt élogieux, il prouve que les efforts de relations publiques locaux ne sont pas toujours vains.

Pourtant, ni le site web de la ville, ni celui de Nantes Métropole n’en font état*. Serait-ce parce que le grand quotidien américain écrit : « the Île de Nantes helped bring wealth to this western French city and to the Brittany region beyond » ?

Ce qui signifie, pour les non-anglophones : « l'Île de Nantes a contribué à la prospérité de cette ville de l'Ouest de la France et, au-delà, de la région Bretagne ». Il faut s’y faire : pour la plupart des étrangers, Nantes est naturellement en Bretagne. Les Américains sont parfois mieux informés que certains Nantais eux-mêmes.
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* En revanche, Jean-Marc Ayrault signale l'article sur son blog.

04 octobre 2011

Auxiette girouette ?

Jacques Auxiette, président de la région des Pays de la Loire, Jean-Marc Ayrault, député-maire de Nantes et Philippe Grosvalet, président du conseil général de Loire-Atlantique, ne sont pas contents du tout que Ségolène Royal conteste Notre-Dame-des-Landes. Ils l’ont dit dans un communiqué commun : la création de l’aéroport a été votée par les assemblées territoriales, il n’est pas question d’y revenir.

Or, selon Le Canard enchaîné du 28 septembre, « lors de la discussion du budget 2012 dans quelques semaines, le nouveau Sénat voterait la suppression de certaines niches fiscales. But de la manœuvre : obliger la droite à l’Assemblée à les revoter ».

Si cette tactique de guérilla parlementaire est effectivement appliquée, nos trois élus vont se trouver en conflit avec le Sénat socialiste : quand on prétend intangible ce qui a été voté par les assemblées territoriales, comment remettre en cause ce qui a été voté par l’Assemblée nationale ?

03 octobre 2011

Ayrault bougon

Le mur de Royal de Luxe a donc quitté la place de la Bourse pour les parages de Ricordeau. On frémit de le voir planté là sans les barrières qui l’entouraient naguère. L’état des installations de skating voisines témoigne assez de l’activisme des grapheurs locaux.

À ce jour, cependant, le mur est intact. On a même réparé les griffures qui déparaient le portrait de Jean-Marc Ayrault. Sans réussir cependant à dérider le maire de Nantes : on dirait qu’il fait encore plus la gueule qu’avant.

02 octobre 2011

Voyage au centre de la terminologie

L’avis de la talentueuse Litchee cité ici avant-hier s’achève sur une considération linguistique intéressante : à la fin du spot de Gaëtan Chataigner, « Le Voyage à Nantes » est traduit en anglais par « A Journey to Nantes ». Et en effet, tel est bien le titre du site de l'organisation en version anglaise. La blogueuse n’en revient pas : « Vous essayez de me faire croire que parmi toute votre équipe de bras cassés, il y avait pas UN anglophone digne de ce nom qui vous aurait dit que "journey" signifiait plus "trajet" que voyage, et que "a journey to Nantes", ça voulait dire genre le trajet de Paris à Nantes ? »

 « A Trip to Nantes » aurait été plus approprié. Sans être gravissime, le faux sens ne fait pas très pro. D’autant plus que les considérations du genre « the journey is more important than the destination » abondent dans la littérature anglophone. On pourrait ajouter que le mot « journey » lui-même a pour les Américains un côté légèrement suranné. Est-il plausible que personne n’y ait fait attention parmi nos professionnels du tourisme ?

Avançons une hypothèse : l’équipe de Jean Blaise a donné dans le jules-vernisme dévot. Voyage au centre de la Terre est habituellement traduit en anglais par Journey to the Center of the Earth. A-t-on cru que le mot « journey » évoquerait à lui seul l’œuvre de Jules Verne ? Ce serait mal raisonné, car l’intitulé collectif « Voyages extraordinaires » est traduit en anglais par « Extraordinary Voyages ». Décidément, the Journey to Nantes got off to a bad start.

01 octobre 2011

Demain, on interconnectera gratis

L’avantage de ne pas tenir ses promesses, c’est qu’on peut les recycler. Les meilleures d'entre elles sont éternellement prorogeables, comme celle du barbier qui, demain, rasera gratis.

Dans Presse Océan du 28 septembre, Jean-Marc Ayrault évoquait avec Cédric Blondeel et Marc Dejean l’avenir du tramway. L’un des investissements possibles « dans le mandat suivant », disait-il, serait « la liaison des lignes 1 et 2 au-dessus de l’Erdre avec le pont de la Jonelière. »

« Dans le mandat suivant », c’est à dire entre 2014 et 2020. C’est clair. Tout aussi clair que la proposition n° 62 du maire de Nantes lorsqu’il était candidat aux élections municipales de 2008 : « Dans les six années à venir nous proposons de : Réaliser la connexion des lignes 1 et 2 de tramway ». Plus ça ne change pas, plus c’est la même chose.