29 décembre 2024

Nantes Métropole complice du flou artistico-comptable de l’École des Beaux-arts

 La Chambre régionale des comptes avait consacré un rapport très critique à l’École des beaux-arts de Nantes-Saint-Nazaire (EBANSN) en 2019. Revenue à la charge cette année, elle constate dans un « audit flash » qu’il y a encore beaucoup à redire. Cas emblématique : l’école versait à son personnel une « prime de service public » irrégulière. Quand son conseil d’administration l’a su, en octobre 2019, il a aussitôt décidé… de continuer. Avant de se défiler dare-dare en février 2024 quand le nouveau contrôle a été ouvert !


Le montant versé irrégulièrement dépasse 800 000 euros. Mais il y a plus cher : incapable de supporter le coût de construction de ses nouveaux locaux de Nantes et Saint-Nazaire, l’école a refilé le bébé aux collectivités locales. Nantes Métropole s’est engagée à rembourser 17 millions d’euros. Allons, allons, il n’a pas été nécessaire de torturer sauvagement les élus métropolitains pour obtenir leur accord : c’est l’EBANSN qui a été auditée, mais les critiques s’adressent tout autant à la Métropole !

Le président de l’EBANSN est un élu de la Ville de Nantes, son adjoint à la culture. Sera-t-il mis sur la touche comme son prédécesseur David Martineau en 2019 ? On parierait plutôt que Johanna Rolland va regarder ailleurs pour éviter de chercher des crosses au Parti communiste.

Voir article complet dans Nantes Plus :

https://nantesplus.org/lecole-des-beaux-arts/

L’École des Beaux-arts se fait flasher, Nantes Métropole aussi

08 décembre 2024

Jean Blaise retraité : acompte sur critiques à venir

Jean Blaise part en retraite à la fin du mois. C’était un personnage important de ce blog puisqu’il est au moins cité dans 166 des 1 131 articles parus ici depuis 2008, soit près de 7 %. Une dizaine d’entre eux lui sont même consacrés. Si les louanges officielles ne vous suffisent pas, vous pourrez vous référer par exemple à cette série parue en 2014 :

1. C’est le requiem pour Jean Blaise
2. Jean Blaise, culturel ou politique ?
3. Se réchauffer à la flamme des Allumées
4. Fin de cycle
5. Il y a quelque chose de pourri au royaume de Jean-Marc
6. Aveu tardif

2014, c’était la fin de sa période flamboyante. C'était aussi l'élection municipale. Une déclaration de Johanna Rolland a fait croire qu'elle allait changer de politique culturelle, et des langues ont commencé à se délier. Puis Jean Blaise a sauvé sa place et les langues se sont reliées et ralliées. Puis la routine s’est installée. On est entré davantage dans le registre du comique de répétition.

Jean Blaise a toujours été, comme on dit, un « bon client », jamais avare d’affirmations péremptoires, de prétentions acrobatiques et de vérités alternatives. Le plus étonnant n’est pas qu’il soit tant critiqué ici ; c’est qu’il le soit si peu ailleurs.

Flagornerie ? Pas forcément. Pour les éloges, il suffisait de citer. Dès l’époque d’Estuaire, Jean Blaise n’a pas lésiné sur l’autopromotion. Pour les critiques, il n’aurait pas été nécessaire de gratter beaucoup. En particulier lors de la présentation de résultats faux, improbables ou invérifiables, éventuellement retouchés a posteriori en fonction des besoins ultérieurs, comme en 2012. Pour qu’un échec soit reconnu, il fallait qu’il soit patent, et même ainsi Jean Blaise trouvait éventuellement des boucs émissaires, comme Hécate en 2017.

La bonne presse

Un rapport de la Chambre régionale des comptes aurait pu lui coûter sa carrière en 2011. La presse a alors su modérer ses critiques. Il lui est néanmoins arrivé de se lâcher, par exemple à propos de son travail au Havre pour le compte d’Édouard Philippe à un moment où il aurait plutôt dû préparer la réouverture du musée d’arts, ou à propos de l’échec du Voyage en Hiver. Frap, dans Presse Océan, lui a consacré un certain nombre de caricatures vachardes et bien senties.


Et si l’irrégulomadaire satirique nantais La Lettre à Lulu se montre discret (les moteurs de recherche ne repèrent dans ses pages qu’une douzaine de mentions, anodines pour la plupart, en plus de vingt ans et 129 numéros), le média autonome Contre-Attaque a émis quelques critiques virulentes, tandis que le site d’investigation Mediacités publiait plusieurs enquêtes fouillées qui ont dû faire tousser du côté de la rue Crucy, par exemple à propos des résultats financiers de la SPL Le Voyage à Nantes.

Le bilan réel de Jean Blaise reste à écrire : Son action a-t-elle, comme espéré et prétendu, inscrit Nantes sur la carte culturelle internationale ? Que reste-t-il réellement des Allumées ? À quel point les « œuvres pérennes » du Voyage à Nantes ont-elles enrichi la ville ? Que va-t-on faire des Humans de Breuning ? Les opérations estivales ont-elles créé une attente dans le public ? Le déficit financier de 2023 est-il un accident passager ? Les Machines de l’île peuvent-elles se relancer sans Arbre aux Hérons ? La « promotion culinaire » façon VAN s’adresse-t-elle au bon public ? La justice risque-t-elle de débusquer d’autres Station Nuage ? Etc. Sophie Lévy n'a probablement accepté la succession que sous bénéfice d’inventaire.

Voir biographie résumée dans Nantes Plus :

ttps://nantesplus.org/bluff-et-blaise-sont-dans-un-bateau-derniers-coups-de-rames-avant-la-retraite/

Bluff et Blaise sont dans un bateau : derniers coups de rame avant la retraite

05 décembre 2024

La Tour Bretagne mérite-t-elle tant de respect ?


À Singapour, l’an dernier, on a déconstruit la tour AXA – 235 mètres de haut, cinquante-deux étages construits en 1986 – pour pouvoir réutiliser le terrain. Rien de tel à Nantes, où le Groupe Giboire vient de présenter un projet de transformation de la plus modeste Tour Bretagne – 144 mètres de haut.

« Sa forme d’origine sera conservée dans le respect de son histoire et son esprit », promet l’un de ses architectes. Il ferait beau voir qu’une tour fût transformée au point de ne pas conserver sa forme d’origine, celle d'une tour ! Quant à son histoire et son esprit, en revanche, faut-il vraiment respecter ceux d’un immeuble aussi fertile en problèmes, de l’échec financier initial à la découverte d’amiante en passant par une flopée de suicides ?

Mais n’anticipons pas : le Groupe Giboire n’a pas toujours tenu ses promesses à Nantes. Qu’en attendre cette fois-ci ? Il compte commencer par construire un nouveau bâtiment à la place du parking privé et de la rampe d’accès de la place Bretagne, afin d’y installer un hôtel. Là, plus question de conserver la forme d’origine et de respecter l’histoire et l’esprit (ni la lourde réglementation d’un immeuble de grande hauteur). La Tour elle-même viendra ensuite. Parviendra-t-on à récupérer le premier étage comme Elon Musk le fait avec ses fusées ? D’ici-là, il passera beaucoup d’eau sous les ponts de l’Arche-Sèche !

Voir article complet sur Nantes Plus :

https://nantesplus.org/la-tour-bretagne-encore-dans-les-nuages/

La Tour Bretagne encore dans les nuages

01 décembre 2024

La culture, c’est comme la confiture : trop sucré, ça écœure

 « L’action se passe dans les Pays de la Loire, c’est-à-dire nulle part. »
Sven Jelure, d’après Alfred Jarry, Ubu Roi

Parmi les critiques les plus véhéments de la réduction des subventions régionales aux activités culturelles, il y en a qui, voici deux ans, reprochaient à la Région une subvention de 200.000 euros attribuée à Puy du Fou Films pour Vaincre ou mourir. Ah ! Parce que ce n’était pas de la culture, Vaincre ou mourir, bien qu’il fût tourné par de vrais acteurs et de vrais techniciens, et projeté dans de vrais cinémas devant de vrais spectateurs ? Tout le monde ne peut pas en dire autant parmi les dizaines de films soutenus chaque année par la Région !

Mmmm… y aurait-il un peu d’esprit partisan dans ce deux poids deux mesures ? Ça n’aurait rien d’étonnant : dès leurs débuts, les Pays de la Loire ont fait de la culture un instrument politique. Cette région artificielle a constamment tenté de s’acheter une identité à l’aide d’opérations culturelles, à commencer par le désastreux Fontevraud Centre Culturel de l’Ouest.

Certains acteurs culturels parviennent à se faire subventionner tout à la fois par une commune, par un département, par la région, par l’État (DRAC) et par un nombre quelconque d’institutions spécialisées, avec à la clé, à chaque fois, des sollicitations, des dépôts de dossier, des votes en comité restreint et en session plénière, des procès-verbaux, des contrôles de légalité et des signatures de conventions qui n’oublient pas d’exiger des remerciements publics à chacun des donateurs. Le seul qu’on ne remercie jamais, c’est le contribuable, bien que ces générosités acheminées via de multiples apparatchiks proviennent intégralement de sa poche.

La crise actuelle devrait être l’occasion de s’interroger sur la logique absurde du système subventionnel, coûteux en temps, en énergie et en argent, et suspect de financer l’entregent (AKA copinage) plus que le talent et le travail. Pour la culture, la région est davantage un problème qu’une solution.

Voir article complet sur Nantes Plus :

https://nantesplus.org/tempete-sur-la-culture-dans-les-pays-de-la-loire-le-cocotier-secoue/

Tempête sur la culture dans les Pays de la Loire : le cocotier secoué

17 novembre 2024

Pour écouter Paul Ladmirault, compositeur nantais aujourd’hui dédaigné par la Ville de Nantes

La Folle Journée a proposé quelques occasions d’écouter les œuvres du compositeur Paul Ladmirault. Ceux qui les ont loupées bénéficieront de sessions de rattrapage à Nantes, ce 17 novembre à 16h00 à Sainte-Croix et le 24 novembre à 16h00 à Notre-Dame-de-Bon-Port.

Musicien brillant dès l’enfance, Paul Ladmirault (1877-1944) a délibérément renoncé à une carrière parisienne pour enseigner la musique au conservatoire de Nantes, sa ville natale. Il est l’auteur d’une œuvre considérable, connue notamment dans le monde anglo-saxon pour ses références arthuriennes. La municipalité nantaise a donné son nom à une place importante du centre de Nantes en 1950.


Et la municipalité d’aujourd’hui ? Elle sait qu’il existe une place Paul-Émile Ladmirault, c’est à peu près tout. Elle multiplie les hommages envers un génie qui a quitté Nantes pour écrire à Amiens mais ignore un génie qui est revenu à Nantes pour y composer.

On a peine à croire à un tel niveau d’inculture. Et  en effet, cet ostracisme pourrait avoir aussi une raison politique. Pour Paul Ladmirault, Nantes était bretonne, naturellement. Membre des Seizh Breur, le grand mouvement artistique breton de l’entre-deux-guerres, il ne dissimulait pas un sentiment indépendantiste. Ce qui n’a pas de conséquence sur une œuvre musicale ? Tiens, écoutez-le donc !

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https://nantesplus.org/pourquoi-les-maires-de-nantes-ignorent-ils-paul-ladmirault-au-21e-siecle/

Pourquoi les maires de Nantes ignorent-ils Paul Ladmirault au 21e siècle ?

05 novembre 2024

En matière de théâtre, Nantes ne mélange pas la ville et la banlieue

La Ville de Nantes aligne un élu adjoint à la culture, un conseiller municipal délégué au spectacle vivant, une directrice générale adjointe Culture et arts dans la ville, une directrice de l’accompagnement des projets et des réseaux artistiques et une chargée de mission Théâtre et livre. Elle connaît donc bien les milieux du théâtre, pensera-t-on. D’ailleurs, elle lui verse des subventions considérables et ne le fait sûrement pas au petit bonheur la chance, n’est-ce pas ?

Eh bien, ce n’est pas si sûr. Le théâtre n’est cité, juste cité, qu’une seule fois dans les 116 pages du Rapport d’activité 2023 de la Ville de Nantes. Et celle-ci, apprend-on avec stupeur, a besoin d’un prestataire pour réaliser « un diagnostic théâtre sur la Ville de Nantes ».

L’étonnement grandit quand on constate que cet énoncé est à prendre au pied de la lettre : le diagnostic porte bel et bien sur « l’écosystème du théâtre à Nantes », à l’exclusion de ce qui se passe dans les communes périphériques : adieu Piano’cktail, Soufflerie, Capellia, etc. Comme si leurs activités théâtrales ne retentissaient pas du tout sur un microcosme nantais bien calfeutré et renfermé sur lui-même. 

Ce qui se conçoit mal s’énonce malaisément : pour trouver son diagnostiqueur, la Ville de Nantes a publié non pas un avis de marché mais deux ! Entre le premier et le deuxième, la procédure ouverte s’est transformée en procédure non concurrentielle, qui permettra de choisir un fournisseur plus librement. Le site des avis de marchés électroniques de la ville a fait mine de rien : le deuxième avis a été discrètement substitué au premier, si bien qu’un avis daté du 30 octobre paraît avoir été publié le… 28 octobre. Il faut consulter le BOAMP pour constater le subterfuge.

Voir article complet sur Nantes Plus :

https://nantesplus.org/au-dela-des-limites-de-la-commune-de-nantes-votre-billet-de-theatre-nest-plus-valable/

Au-delà des limites de la commune de Nantes, votre billet de théâtre n’est plus valable

01 novembre 2024

La malédiction de Thomas Dobrée pèse-t-elle sur le musée Dobrée ?

En temps de Halloween, la question s’impose : la malédiction a-t-elle cessé de poursuivre le musée Dobrée ? Il vient de rouvrir avec succès, ce qui ne garantit pas l’avenir. « Ann Dianaf a rog ac'hanoun » (l’inconnu me dévore), dit la devise tragique inscrite au fronton du manoir Dobrée.

Thomas Dobrée (1810-1895) a légué sa propriété et ses vastes collections au département de Loire-Inférieure, qui les a acceptées, et avec elles quelques conditions très raisonnables. Certaines d’entre elles ne sont plus respectées. Le fantôme de Dobrée se vengerait-il ?

Le musée départemental Dobrée a subi ces dernières années toute une série d’avanies. La plus spectaculaire date de 2018. Fermé depuis huit ans, ce musée qui avait conservé son personnel et n’avait presque rien d’autre à faire que de conserver ses collections s’est quand même fait voler le reliquaire d’Anne de Bretagne ! Le trésor a été retrouvé avant d’être fondu, grâce à la police et à la protection de sainte Anne, sans doute, mais pas du tout grâce au musée.


Cet épisode spectaculaire a un peu occulté les déconvenues immobilières du département. Toute une série de projets de rénovation du musée ont été avancés depuis les années 1990. Quand un conseil départemental de gauche est élu en 2004, il met à la poubelle celui qui vient d’être mis au point par la droite. Après six ans de tergiversations, il retient un projet de Dominique Perrault, architecte à la mode encensé par Jean-Marc Ayrault. Un projet tellement parfait que le permis de construire, attaqué par Nantes Patrimoine, est annulé en 2012 à cause de plusieurs irrégularités. Il faudra encore douze ans pour inaugurer un musée rénové !

Au passage, le projet Perrault imposait la destruction du bâtiment Voltaire construit par le département dans les années 1970. À cause de malfaçons, il était jugé irrécupérable. Résultat : il est encore là. L’erreur de diagnostic aurait pu coûter très cher ! Malgré l’économie réalisée, la rénovation a quand même coûté deux fois plus cher que le département ne l’avait prévu en 2010.

La valse des conservateurs

Plusieurs conservateurs ont été pris dans la tourmente. En 2010, le département limoge le très respecté Jacques Santrot, conservateur du musée depuis 1985. Il lui faut plusieurs mois pour désigner un remplaçant… qui se défile au dernier moment devant l’état du projet. Il faut encore plus de temps pour trouver un remplaçant du remplaçant, qui ne reste que sept mois. On nomme alors une directrice par intérim, puis une autre, qui sera finalement titularisée.

Un musée tout beau, tout rénové, une directrice stable… Dobrée serait-il sorti de sa séquence maudite ? Pas sûr du tout. La chambre régionale des comptes a publié voici quelques jours un rapport d’observations définitives (ROD) sur le département de Loire-Atlantique qui dénonce « un cumul d’anomalies sur un lot du musée Dobrée ». La routine, quoi.

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Spécial Halloween : la malédiction mystérieuse
du musée Dobrée

23 octobre 2024

Quatre ans de rab’ pour les squatteurs de la prairie de Mauves

Comme on sait, Nantes Métropole veut assurer la « Résorption des bidonvilles de la Prairie de Mauves au titre de la mise en oeuvre du projet de Pôle d’Écologie Urbaine (P.E.U.) ». Pour 700 personnes concernées, le prestataire chargé de faire déguerpir les squatteurs en quatre ans, l’association Coallia, sera rémunéré par« un montant de base de 12 694 729 € HT/an et dans la limite d’un plafond maximum sur les 4 années de 80 M€ HT ».

« La stratégie métropolitaine de résorption des bidonvilles (…) prend appui sur des volets d'action alliant humanité et fermeté », précise Nantes Métropole. Ces 80 millions d’euros maxi ne concernent que le volet humanité. « Au terme de la démarche, évacuation définitive du site en cas de maintien d’occupants » ‑ volet fermeté non chiffré à ce jour. Ce « au terme de la démarche » contient un message subliminal pour les squatteurs de la prairie de Mauves : inutile de se précipiter, vous êtes tranquilles pour quatre ans.


Ceux qui accepteront néanmoins de bouger pourront s’installer sur six terrains « d’insertion » et « de stabilisation » gérés par un ou deux autres prestataires moyennant un budget prévu de 14.999.999 euros sur quatre ans. Mais avant ce stade de la gestion, il faudra bien entendu créer et aménager ces terrains, pour un budget à définir.

Et au bout de ces quatre ans, quoi ? Nantes Métropole qualifie sa démarche de « stabilisation transitoire » (sic). Les squatteurs réinstallés sur ces terrains institutionnalisés bénéficieront d’un « suivi adapté pour accéder ensuite à un logement social ». Qui reste à construire (et à financer), bien entendu.

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https://nantesplus.org/nantes-metropole-invente-la-stabilisation-transitoire-pour-les-menages-demenages-des-bidonvilles/

Nantes Métropole invente la « stabilisation transitoire » pour les ménages déménagés des bidonvilles

19 septembre 2024

Le tramway écrase la mémoire…

Le monument aux Cinquante otages, à Nantes, n’a été inscrit parmi les monuments historiques que par un arrêté du 10 mai 2017. Avant cette date, il avait subi deux outrages municipaux : en 2014 et surtout en 1993, il a été rogné dans sa partie nord-ouest, côté quai de Versailles, pour faciliter le passage du tramway.

À présent, c’est clair, il est bien protégé « y compris ses murs de soutènement et emmarchements ». Le préfet a même pris soin d’annexer à son arrêté un plan où un trait rouge précise le périmètre protégé.

Ce qui permet de constater sans le moindre doute que le monument a quand même été raboté une fois de plus cet été, au cours de la réfection des voies de tram. On en a découpé un petit bout pour dresser un nouveau poteau. Au moment de fêter le 80e anniversaire de la libération de Nantes, cette amputation subreptice n’est pas du meilleur goût.

Avant 2024 : pas toujours respecté

Aujourd'hui : un peu écorné

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La Semitan grignote à nouveau le monument aux Cinquante Otages

17 septembre 2024

Le Nuage de Saint-Sébastien-sur-Loire fait craindre un orage à Nantes

 La mairie de Saint-Sébastien-sur-Loire a annoncé son intention de porter plainte pour usurpation d’identité : quelqu’un s’est fait passer pour l’un de ses agents afin de signaler à la presse que l'hôtel de ville a été perquisitionné voici quelques jours. La police enquête en effet sur les conditions dans lesquelles la commune, Joël Guerriau étant maire, a construit une guinguette bleue, la Station Nuage, sur l’île Forget. « La procédure suivie était irrégulière » a affirmé la chambre régionale des comptes dans un rapport de 2022. La mécanique était lancée, lente mais inexorable.

Où s’arrêtera-t-elle ? Sans doute pas à la plainte pour usurpation d’identité, qui ne fait que rajouter un peu de brouillard au Nuage. La Chambre reproche à Saint-Sébastien d’avoir passé un marché en invoquant abusivement l’article R2122-3 du code de la commande publique, qui permet de déroger au droit commun pour les achats d’œuvres d’art. Ce marché-ci ne porte que sur 167.000 euros. Mais la commune a agi en accord avec Le Voyage à Nantes. Or Le Voyage à Nantes est coutumier de cette dérogation. Et Nantes Métropole aussi. Là, c’est de millions d’euros qu’il est question, notamment pour les  dépenses liées à l’Arbre aux Hérons.


L’affaire pourrait donc avoir des retombées plus vastes. Avec un présumé innocent tout désigné : Fabrice Roussel, tout nouveau député de Loire-Atlantique, qui a signé bon nombre des contrats en cause comme président du Voyage à Nantes ou comme premier vice-président de Nantes Métropole.

Il devait bien s’en douter, que l’Arbre aux Hérons était un truc à avoir des problèmes. En 2020, Nantes Métropole a conclu un contrat avec un cabinet d’avocats parisien pour la conseiller dans les affaires relatives au projet. Montant : 80.000 euros, quand même… Or ce budget prévu pour quatre ans a été consommé en deux ans seulement, et un nouveau contrat a été passé pour 200.000 euros au printemps 2022. Fabrice Roussel avait été informé fin décembre 2021 des critiques adressées par la chambre régionale des comptes à Saint-Sébastien-sur-Loire. En juillet 2022, la Chambre a publié son rapport définitif. Et en septembre 2022, Fabrice Roussel et Johanna Rolland ont annoncé l’abandon de l’Arbre aux Hérons, de manière précipitée et en invoquant une raison peu plausible. La météo juridique n’est pas au beau fixe.

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https://nantesplus.org/un-gros-nuage-sur-le-voyage-a-nantes-et-sur-un-depute-de-loire-atlantique/

Un gros nuage sur Le Voyage à Nantes et sur un député de Loire-Atlantique

 

12 septembre 2024

Les Machines de l’île privées de balai ?


Le Voyage à Nantes a dû publier trois avis de marché successifs, le 30 mai, le 12 juin et le 4 septembre, plus un avis de résultat négatif (…provisoirement), pour rechercher un prestataire chargé de faire le ménage aux Machines de l’île ! Le travail est-il si compliqué ? Non, ce qui est compliqué pour Le Voyage à Nantes, c’est de se relire. Mais le ballet des manches de lustrine a pris du temps, si bien que le contrat de nettoyage qui devait prendre la suite du précédent au 1er octobre ne commencera que le 13 décembre. Les Machines de l’île vont-elles rester sales pendant deux mois et demi ?

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https://nantesplus.org/voyage-a-nantes-4/

Du cafouillage dans le nettoyage au Voyage à Nantes

08 septembre 2024

La Cantine du Voyage, cinq identités graphiques, une seule réputation culinaire

On s’étonne un peu, vu la réputation culinaire de La Cantine du Voyage, que Le Voyage à Nantes s’obstine à en revendiquer la paternité. « En onze saisons, La Cantine du Voyage a su évoluer et se renouveler avec notamment 5 identités graphiques au fil des années », proclame-t-il. Est-ce un argument convaincant, de la part d’un restaurant, que de refaire sa devanture tous les deux ans ?

Quant à l’assiette, Le Voyage à Nantes se contente de signaler : « nouvelle proposition de restauration depuis 2022 ». Bon, il n’y a donc pas que la devanture, la carte aussi a changé… La Cantine du Voyage précise : « un nouveau plat phare, populaire et ludo-culinaire ». Du Jules Verne dans l’assiette ? Non, le nouveau plat phare, c’est… la brochette !

La Cantine du Voyage en 2014

L’établissement a bien tenté de se repositionner en ponctuant la saison 2024 de trois dîners « Cantine Cocktail Club » en association avec des bars à cocktail nantais, lourdement promus sur TikTok. Le troisième et dernier aura lieu le 16 septembre ; parmi les 240 convives théoriques des deux premiers, personne ne semble s’être soucié de donner son avis en ligne. Mais pivoter
vers un public branché risque d’être insuffisant pour redresser une réputation. Que Le Voyage à Nantes, qui se targue pourtant de « promotion culinaire », n’a pas été capable d’entretenir.

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https://nantesplus.org/la-cantine-du-voyage-12-ans-de-deroute-culinaire-parrainee-par-le-voyage-a-nantes/

La Cantine du voyage : douze ans de déroute culinaire parrainée par Le Voyage à Nantes

05 septembre 2024

Royal de Luxe : le vrai coût du Bull Machin est un spectacle à lui tout seul

Comment connaître les dates des prochains spectacles de Royal de Luxe ? « Nous vous invitons à consulter régulièrement la page « Actualités » de notre site internet », répond la compagnie sur son site web. « Dès qu’une date est officiellement annoncée, elle figure sur cette page. » On a fait le test : la dernière « actualité » date du 21 septembre dernier.  Durablement épuisé, sans doute, par Le Bull Machin de Monsieur Bourgogne, représenté à Nantes en septembre 2023, Royal de Luxe n’a pas fait grand-chose depuis un an et ne prévoit apparemment pas d’en faire davantage dans les prochains mois.

Mais pas de souci puisque Royal de Luxe a en caisse de quoi vivre pendant des années sans rien faire : 846.418 euros au 31 décembre 2023. Ses comptes 2023 valent aussi le coup d’œil pour d’autres raisons. Le Bull Machin de Villeurbanne y est traité comme un investissement, selon des modalités précisées par une convention du 7 avril 2023 avec Nantes Métropole.


Cet investissement se compose d’une part du Bull Machin, l’une des deux machines sur lesquelles reposait le spectacle, pour 1.336.350 euros H.T., d’autre part de divers postes  en partie immatériels : « préparation artistique en amont du spectacle », « création de nouvelles images », « entretien et réparation des engins et machines de spectacle », « répétitions nouvelles images » ainsi qu’une mystérieuse « fiche technique » valorisée quand même 260.000 euros H.T. à elle seule sur un total de 1.270.000 euros. Ce total colossal, quelque chose comme 75 années de SMIC, est aussi le montant de la « subvention d’investissement » votée par Nantes Métropole, en plus des 538.580 euros rémunérant les trois jours de présentation du spectacle.

En bonne logique cet « investissement » est comptabilisé au bilan de Royal de Luxe comme une immobilisation. Les dépenses, assez énormes, destinées à trois jours de spectacle nantais en septembre 2023 vont ainsi être amorties sur dix ans, jusqu’en 2032 ! Royal de Luxe n’a peut-être plus d’imagination pour les spectacles, mais il lui en reste pour la comptabilité.

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https://nantesplus.org/royal-de-luxe-3/

Royal de Luxe a investi massivement en 2023 aux frais de Nantes Métropole

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03 septembre 2024

Johanna Rolland augmente encore la taxe foncière ; c’est qu’elle a besoin d’argent

Il y a des avis politico-subjectifs sur la municipalité nantaise. Et il y en a de plus objectifs, à base de chiffres. Pour ce petit appartement nantais, la taxe foncière 2024 s’élève à 1226 euros. Elle était de 712 euros en 2008, 860 euros en 2012 et 882 euros en 2015. Jean-Marc Ayrault l’avait fortement augmentée. Johanna Rolland a continué à  taper sur le même clou. Elle tond les propriétaires, pas forcément plus fortunés que des locataires.

Mais ces taxes qui pèsent sur un gros tiers des Nantais, c’est pour le bien de 100 % d’entre nous, n’est-ce pas ? Sans doute. D’ailleurs, si la taxe foncière galope, les dépenses municipo-communautaires en font autant. À juste titre ? Eh bien, à regarder les achats extérieurs, on est tenté de retomber dans les avis politico-subjectifs.

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https://nantesplus.org/taxe-fonciere-a-nantes/

Taxe foncière à Nantes : une augmentation deuxfois plus rapide que l’inflation, mais pour payer quoi ?



26 août 2024

#Campus Creatif Nantes : la créativité est surtout dans le dièse ajouté et l’accent retiré

Le Voyage à Nantes 2024 consacre un  dépliant spécial au « #Campus Creatif Nantes ». « 1 parcours, 7 établissements d’enseignement supérieur, 3 écoles ouvrent leurs portes… », proclame-t-il. Trois écoles sur sept établissements : on parlera plutôt d’entr’ouverture. Le parcours ne compte d’ailleurs que pour cinq stations parmi les 81 de la ligne verte 2024.

Le Voyage à Nantes a cherché à donner une unité à la chose avec trois élégantes Arborescences peintes sur le sol par Ariane Darpy. Clin d’œil au thème de la manifestation 2024, elles sont censées figurer un arbre : les racines devant l’entrée de l’École de design, le tronc devant l’École des beaux-arts, la cime sur le toit de l’École d’architecture. Ce sont « les arbres qui auraient pu pousser à ces endroits », écrit bizarrement Le Voyage à Nantes. Et toc ! pour la politique environnementale de Johanna Rolland !


Hélas, cet arbre tronçonné souligne surtout l’absence d’unité du « Campus Créatif » : il n’a rien d’un campus en réalité, et ça saute aux yeux. L’idée était sûrement bonne quand elle est née, voici une vingtaine d’années, du temps où Jean-Marc Ayrault mettait l’île de Nantes en chantier. Elle est restée sur le papier ‑ ou sur le trottoir avec les pinceaux d’Ariane Darpy. Et si vous cherchez « campus créatif » en ligne aujourd’hui, le moteur de recherche vous parle d’abord de Lille ou de Montpellier.

Les écoles* ne sont pas en cause : chacune dans sa spécialité jouit de sa notoriété propre. Les œuvres d’étudiants qu’on peut y voir en parcourant la ligne verte tiennent la route. Il n’en est que plus frustrant de songer à ce que Nantes Métropole n’en a pas fait.

Voir article complet sur Nantes Plus :

https://nantesplus.org/campus-creatif/

Le Campus Créatif du VAN : une brise désespérante

* École nationale supérieure d’architecture, École des beaux-arts Nantes Saint-Nazaire, École de design Nantes Atlantique, Pôle des Arts Graphiques (Grafipolis, Joliverie, Mediacampus Audencia SciencesCom, Écoles créatives (Esma, CinéCréatis)

05 août 2024

Charmantes cariatides et hideux robinets pour les fontaines Wallace de Nantes

À la cote d’amour du Voyage à Nantes 2024, les cariatides frondeuses se situent certainement assez haut. 

Nantes possède depuis un siècle cinq fontaines Wallace, dont deux au Jardin des plantes ; Paris en a plus de cent, Marseille et Toulouse huit, Bordeaux sept, etc. Chacun connaît ces fontaines très verticales surmontées de quatre personnages féminins  – les cariatides  – supportant un clocheton. Le Voyage à Nantes leur a ajouté sous un même titre, L’Évasion, quatre pastiches conçus par Cyril Pedrosa. 

Dans la première de ces quatre fontaines, à la Psalette, l’une des cariatides renonce à porter le clocheton et s’empare d’un arrosoir. Dans la deuxième, à côté du château, deux des cariatides escaladent le clocheton. Dans la troisième, du côté de Saint-Nicolas, place Fernand-Soil, toutes quatre sont juchées sur le clocheton. Dans la quatrième, au muséum d’histoire naturelle, elles descendent à terre pour se promener dans le jardin.

L’œuvre aurait dû faire partie du Voyage à Nantes 2023, voué au thème des statues. Mais elle était en retard, et la voilà reprogrammée en 2024. La statue qui s’échappe n’est évidemment pas une idée neuve ; en témoigne, parmi bien d’autres, l’Éloge de la transgression de Philippe Ramette, installée cours Cambronne depuis le Voyage à Nantes 2018. Rodin a sculpté des cariatides en rupture de bâtiment. Le fresquiste parisien Philippe Abel a même réalisé voici quelques années une Libération des cariatides de la fontaine Wallace. À défaut d’être totalement originale, L’Évasion nantaise est sympathique et gentiment réalisée. Les familles visitent les quatre épisodes dans l’ordre pour pousser les enfants fatigués à mettre un pied devant l’autre. Pas besoin de grandes explications pour ce scénario tout simple. 

Baratinages

Trop simple peut-être pour le Voyage à Nantes. Il a tenu à expliquer la genèse de l’œuvre dans une vidéo fort bien réalisée mais qui invite à la moquerie. Jean Blaise y raconte qu’un service municipal lui a proposé en 2022 de réfléchir à la question des points d’eau dans la ville. « On commence à y penser ensemble, notre équipe habituelle, et puis, et puis, ben, on découvre que ça existe déjà, c'est les fontaines Wallace », relate le patron du Voyage à Nantes. « Et en fouillant un peu, on commence à travailler sur l'histoire et on découvre très vite que l'artiste des fontaines Wallace, Charles-Auguste Lebourg, est nantais. » 

Jean Blaise est arrivé à Nantes en 1987 comme responsable d’un centre culturel. Il est devenu grand manitou du tourisme nantais en 2011. Et en 2022 il lui faut encore réfléchir en équipe et « fouiller un peu » pour « découvrir » les fontaines Wallace, puis « découvrir » aussi qu’elles sont l’œuvre d'un sculpteur de chez nous, ainsi que tout Nantais moyennement cultivé le sait depuis longtemps… Déguiser une lacune en « découverte » est bien dans l’esprit du Voyage à Nantes, qui n’a jamais craint de baratiner. 

La parole passe ensuite à Cyril Pedrosa. « Comme le jeu était de fabriquer un récit avec les cariatides qui sont des personnages féminins, je voulais éviter par-dessus tout de plaquer  un discours d'homme de 50 ans hétérosexuel blanc sur des figures féminines », commence-t-il. On craint le pire : après tout, si l’on tenait à éviter ce discours, il aurait suffi de s’adresser à un créateur qui ne soit pas un hétérosexuel blanc de 50 ans (Pedrosa est né en 1972). Heureusement, après ce coup d’encensoir au politiquement correct, vient  un récit plus concret de la naissance des fontaines Wallace revisitées.

Une opération plus colossale qu’elle n’en a l’air

C’est à la fois captivant et alarmant. Cyril Pedrosa est un auteur de bandes dessinées et non un sculpteur. Il a imaginé un scénario simple en quatre épisodes et réalisé des esquisses, soit, reconnaît-il, « ce qui était le plus simple et le plus rapide ». Il n’empêche qu’au bout du compte, il signe des sculptures. Celles-ci sont le résultat d’un processus industriel en trois grands mouvements : 

  • Un, embauche de quatre modèles féminins, travail sur leurs costumes, leurs coiffures et leurs attitudes, prises de vue et scan 3D dans un décor de fontaines Wallace reconstruites à l’échelle humaine. « Moi j'étais stupéfait de disposer d'autant de moyens, et de temps aussi, pour travailler », constate honnêtement Pedrosa. 
  • Deux, modélisation des personnages en résine à l’échelle Wallace, suivie de maintes retouches. « Je découvre totalement une technique en fait et puis un savoir-faire », rapporte Pedrosa. 

On croit donc ce dernier sans peine quand il résume : « C'est un projet qui  a englobé beaucoup de monde, vraiment beaucoup de monde. » Le long générique de la vidéo permet de s’en faire une idée visuelle. Le sculpteur des six cariatides colossales de l’Érechtéion d’Athènes n’a certainement pas bénéficié des mêmes moyens au temps de Périclès…

On ne sait ce qui surprend le plus, que Le Voyage à Nantes ait confié cette lourde réalisation à un artiste qui avoue aussi ingénument ne rien connaître aux techniques mises en œuvre, ou que ce dernier s’en soit si bien tiré – hormis sur le plan du calendrier, bien sûr. Quant au coût, forcément élevé vu le nombre de personnes à rémunérer, on ne le connaîtra dans doute pas puisque le Voyage à Nantes ne révèle le prix des œuvres que lorsque la chambre régionale des comptes le fait à sa place.

Fontaines pour les pieds

Pendant ce temps-là, les cinq fontaines Wallace « historiques » de Nantes avaient été envoyées pour restauration chez le même fondeur de Haute-Marne. Elles ont été remises en place à Nantes voici quelques jours. Mais en quel état ! Depuis toujours, un filet d’eau coulait de leur chapiteau entre les quatre cariatides. Pour ne pas gâcher, les fontaines parisiennes récentes sont équipées d’un discret bouton-poussoir qui libère quelques secondes d’eau. Nantes a préféré fixer sur le pied de ses fontaines un gros robinet en inox qui jure avec leur couleur « vert nantais ». Placé trop bas pour qu’un adulte puisse s’y abreuver directement, à moins d’avoir l’échine très souple, il vous envoie, si vous n’y prenez garde, une bonne giclée sur le pied. De l’eau gaspillée ? Bah ! ce ne sont que quelques gouttes en comparaison de la chute d’eau du Jardin extraordinaire.



25 juillet 2024

(13) Comment dissuader les Nantais de venir voir le cheval-dragon

 Le passage de Long Ma à Nantes a valu à l’association La Machine une subvention métropolitaine de 79 000 euros, mais que rémunère vraiment cette somme ? C’est là le treizième mystère du cheval-dragon.

Le propriétaire de la mécanique, un milliardaire chinois, la prête aimablement. Elle a été pilotée sur le terrain par ses manipulateurs chinois. Les transports ont été organisés par Bolloré Logistics. Le terrain a été fourni par le Voyage à Nantes. L’encadrement du public a été assuré par soixante bénévoles. La communication, pour l’essentiel, a été gracieusement diffusée par les médias locaux. Le scénario était ultra-sommaire : de temps en temps, le cheval-dragon effectuait un aller-retour à travers l’esplanade des Chantiers.

Le travail effectif de La Machine paraît des plus réduits. Certes, elle s’est chargée de réparer d’urgence une panne mécanique. Mais celle-ci avait pour cause un défaut de conception dû à… elle-même. « Les pattes sont un élément sensible de la machinerie », a-t-elle reconnu sur Facebook. « Il arrive parfois que malgré la présence des capteurs de position, le contact avec le sol se fasse un peu brutalement. »


Beaucoup de visiteurs se sont plaints de ne pas savoir à quel moment la machine s’animerait et n’ont vu qu’un dragon immobile. Or c’était délibéré ! « Nous ne communiquons pas volontairement les horaires précis pour éviter de trop grands rassemblements à un temps T », expliquait la responsable de communication de La Machine. Autrement dit, le but n’était pas d’attirer un maximum de visiteurs mais au contraire de dissuader une partie d’entre eux.

On se demande pourquoi. Chaque sortie de Long Ma a été vue par 3 600 personnes en moyenne, indique Nantes Métropole ; les 130 000 m² du parc des Chantiers peuvent aisément en contenir dix fois plus. Au total, en une dizaine de jours, Long Ma aurait attiré entre 120 000 et 150 000 spectateurs. En août 2015, pour une jauge quasi identique (trois sorties par jour en moyenne pendant dix jours), La Machine avait revendiqué près de 300 000 spectateurs, soit près de 10 000 spectateurs par sortie.

La fréquentation de 2024 représente donc au maximum entre 40 % et 50 % de celle de 2015. Elle est très éloignée aussi des scores revendiqués par La Machine à l’étranger : 1 million de spectateurs en trois jours à Pékin en 2014 et 750 000 en quatre jours à Ottawa en 2017. On a relativement bien réussi à dissuader les Nantais. À part verser 79 000 euros à La Machine, à quoi rimait donc cette opération ?

(Illustration : photo de 2015)

 Les mystères précédents :

(1) où sont les foules chinoises ?
(2) d’où viennent les économies ?
(3) qui est ce mécène si discret ?
(etc.) la surprise du cinquantenaire
(5) Long-Ma, cheval de retour ?
(6) Long-Ma réincarné en Minotaure ?
(7) Pourquoi Ouest-France n’en dit pas plus Long-ma ?
(8) Chinoiseries nantaises
(9) Migrant de Calais
(10) Des cadeaux comme s’il en pleuvait
(11) Le cheval-dragon va-t-il carboniser les comptes du Voyage à Nantes ?
(12) La mystérieuse facture nantaise du cheval-dragon

24 juillet 2024

(12) La mystérieuse facture nantaise du cheval-dragon Long Ma

Comme l’indique Ouest-France, la monstration à Nantes du cheval-dragon mécanique Long Ma « a été possible grâce au financement de Nantes métropole (79 000 €) ». Ouais, se dit-on, 79 000 euros, ça n’est pas donné pour quelques heures d’animation, mais s’il y a eu entre 120 000 et 150 000 spectateurs (selon la police ou selon les organisateurs ?), ça ne fait guère plus d’un demi-euro par personne. Hélas, ça n’est qu’une petite partie du vrai coût de l’opération.

Comme on l’a rappelé précédemment, quand Long Ma a été montré à Calais, La Machine a vendu le spectacle 400 000 euros. Si d’un coup le tarif est divisé par cinq, la maire de Calais peut avoir l’impression de s’être fait estamper, même si son spectacle était plus élaboré. Surtout, plus aucune ville n’acceptera de payer le prix fort. Pas bon pour les affaires futures de La Machine…

Bien entendu, il y a un truc. « La collectivité a participé au financement du show à hauteur de 79 000 €, "en coopération étroite avec le Voyage à Nantes et La Machine" », insiste Ouest-France. Voilà : Nantes Métropole a seulement « participé » en subventionnant La Machine – une « coopération étroite », on peut le dire.

Diplomatie nanto-chinoise

Pour justifier cette subvention, Nantes Métropole avance cette motivation : « le cheval dragon […] construit par la compagnie La Machine dans le cadre du 50ème anniversaire de l’établissement des relations franco-chinoises, et depuis en Chine, revient en France pour le 60ème anniversaire de ces relations ». Si c’est pour la diplomatie, alors... Pourtant, si l’on consulte le programme des manifestations organisées pour cet anniversaire, il n’est nulle part question de cheval-dragon ni de visite à Nantes. Nantes Métropole a organisé toute seule sa politique diplomatique nanto-chinoise.

Un peu précipitamment, semble-t-il. Le soixantième anniversaire date en réalité du 27 janvier dernier, mais c’est seulement le 24 juin que Johanna Rolland a annoncé la visite de la machine et le 5 juillet que le bureau métropolitain a accordé une subvention à La Machine. Pourquoi si tard alors que dès le 6 mai, un communiqué de Bolloré Logistics annonçait le transport du cheval-dragon vers Nantes ?


Et pourquoi une subvention ? D’ordinaire, les prestations de La Machine ne sont pas subventionnées mais achetées par les collectivités. Ce changement de procédure a de quoi laisser perplexe. Il n’enthousiasme pas forcément La Machine : en vertu de l’article 10 de la loi du 12 avril 2000, tout citoyen peut désormais avoir accès à ses comptes via Nantes Métropole.

La « coopération étroite » de Nantes Métropole avec Le Voyage à Nantes est-elle de même nature, c’est-à-dire subventionnelle ? La société encore dirigée par Jean Blaise traîne un lourd déficit depuis l’an dernier. On la voit mal prendre en charge une dépense à six chiffres.

Une tonne en trop

Car au prix de la prestation il faut bien sûr ajouter le coût du transport. C’est probablement le poste le plus élevé de la facture totale. En effet, il y a beaucoup plus de travail matériel et administratif dans ce transport international complexe que dans les quelques déambulations de la machine sur le site des Chantiers navals.

Ce printemps, le fret aérien entre la Chine et l’Europe coûtait en moyenne 3,94 dollars par kilo. Soit, pour 45 tonnes, 177 300 dollars (environ 165 000 euros) pour le seul voyage aller. La vérité est sans doute bien plus élevée puisque la machine, fragile, exige plus de soin qu’un chargement de colis lambda. En revanche, bonne nouvelle, comme il y a moins de marchandises à transporter de l’Europe à la Chine qu’en sens inverse, les prix du fret sont plus bas : le voyage retour coûtera moins cher.

Au fret aérien, il faut bien sûr ajouter le coût des transports terrestres de Hangzhou, lieu de garage habituel de la machine, à Shenzhen, aéroport de départ, puis de Vatry, aéroport d’arrivée, à Nantes (580 km), et retour. Long Ma a toujours été donné pour 45 tonnes, voire 48 tonnes, ou même 50 tonnes. Pas de chance : au-dessus de 44 tonnes, on tombe réglementairement dans la catégorie « convoi exceptionnel ». Les contraintes imposées rendent le transport beaucoup plus coûteux.

Sans doute a-t-on trouvé moyen de transporter la machine en plusieurs morceaux pour rester au-dessous du plafond de 44 tonnes et bénéficier d’un tarif tonne/km plus modéré, mais en tout état de cause, le coût total du voyage aller/retour de la machine et de ses cinq manipulateurs chinois entre Hangzhou et Nantes se chiffre en centaines de milliers d’euros.

Payés par qui ? Par Nantes Métropole « en coopération » avec Bolloré Logistics ? Ou par Le Voyage à Nantes « en coopération » avec les subventions de Nantes Métropole ? En tout cas, ces quelques heures de spectacle « en accès libre et gratuit », comme dit Nantes Métropole, auront sans doute coûté très cher aux contribuables métropolitains.

(Photo : août 2015)

20 juillet 2024

Le camping des Machines de l’île menacé par un monument historique

« À Nantes, un bateau miniature "pas comme les autres" est classé Monument historique » se réjouissait France Bleu Loire Océan le mois dernier. Ce bateau miniature, c’est la « Caraque », maquette stylisée en acier d’une nef médiévale, exposée devant le bâtiment des Ateliers et chantiers de Nantes.

Il y a de quoi se réjouir, en effet, quoique un ton au-dessous : il n’est pas question pour le moment d’un classement aux monuments historiques mais d’une inscription à la liste supplémentaire des monuments historiques. Une distinction  décernée au niveau du préfet de région et non du ministre de la Culture. Élise Nicolle, sur le site Patrimonia, décrit en détail l’histoire de cette maquette construite en 1983 par des ouvriers de Dubigeon, jusqu’à son inscription aux monuments historiques par un arrêté préfectoral du 28 mars 2024 (qui semble pourtant absent du Recueil des actes administratifs, contrairement, par exemple, à la récente inscription du château de Chassay à Sainte-Luce).

Il n’est pas dit que ce classement enthousiasme tout le monde. Les alentours des monuments historiques sont protégés dans un rayon de 500 mètres. Dans ce périmètre, les campings sont interdits, surtout en cas de « covisibilité » ‑ quand il est possible de voir à la fois le camping et le monument historique. Or, comme chaque année, l’exploitant du petit manège d’Andréa (qui n’appartient pas aux Machines de l’île) a installé un campement le long des nefs de l’île, à 100 mètres à vol d’oiseau de la Caraque.

A vrai dire, le problème se posait déjà depuis l’inscription de la grue jaune aux monuments historiques en 2018 puisque elle se dresse à 400 mètres seulement du campement. Et voilà que la grue, depuis la mi-juin, n’est plus seulement « inscrite » mais « classée », ce qui suppose une protection renforcée des alentours. Il va devenir difficile de camper en toute discrétion.

Le camping en 2013...
...et en 2024


14 juillet 2024

Le Voyage à Nantes s’éprend d’une statue de sable cathartique et votive

Tout près de l’entrée du tunnel Saint-Félix, Le Voyage à Nantes a installé une œuvre sur les pavés du quai Ceineray. Pour en savoir plus, on consulte son guide du Voyage à Nantes 2024. Mauvaise pioche : elle n’y figure pas ! En haut du square du Maquis de Saffré, en revanche, un cartel du Voyage à Nantes invite à observer Soigner Loire, en contrebas, de l’autre côté de l’Erdre. 

Il s’avère que Soigner Loire est destinée à la seule Nuit du VAN – une longue nuit, puisque elle sera exposée du 6 juillet au 23 juillet 2024 selon le cartel, ou au 24 juillet selon Le Voyage à Nantes en ligne. Le 23, le 24 ? Peu importe l’imprécision des organisateurs : de toute façon, Soigner Loire aura pratiquement disparu d’ici là. Car cette œuvre est un tas de sable.


Le Voyage à Nantes la décrit ainsi dans son étrange langue vernaculaire :

« Œuvre éphémère, cathartique et votive, faite de sable de Loire extrait à Noirmoutier et détourné de son destin de béton, les grains qui la composent s'y chargent de l'intensité de la parole de l'artiste et de la puissance des formes nées de ses mains. » 

De l’œuvre elle-même ou de la syntaxe du VAN, on se demande laquelle est la plus indigente. L’artiste – il s’appelle Alioune Diouf – est-il ravi que « l’intensité de [s]a parole » soit réduite à des grains de sable échappés au béton ? (Lesquels, confidence pour confidence, sont absolument muets.)

Soigner Dakar

Vers la mi-juin, un chaland a déposé sur le quai une ou deux tonnes de sable – de Noirmoutier, on veut bien le croire. Puis l’artiste, en prenant son temps, a sculpté son œuvre dans ce tas. Oh ! n’imaginez pas les châteaux et autres créatures extraordinaires érigés par les champions des concours de plage. Soigner Loire représente apparemment une femme allongée, les bras le long du corps, genre gisant de sarcophage sans fioriture. 

L’œuvre n’est même pas originale puisqu’elle reproduit un précédent tas de sable modelé par le sculpteur sénégalais dans le jardin de l’ambassade de France à Dakar en 2022. De Loire, évidemment, il n’était pas question : l’œuvre était alors intitulée Terre-mère.


Inarrêtable, Le Voyage à Nantes poursuit néanmoins son storytelling hasardeux : 

« Conçue initialement comme une œuvre réparatrice du rôle que le commerce triangulaire et colonial a fait tenir à Loire [sic], les questions soulevées par sa réalisation, le dialogue avec différents organismes soucieux du bien-être du fleuve ont forgé un regard plus averti des multiples atteintes qu'il subissait. » 

Les « différents organismes » n’ont peut-être pas averti le sculpteur que la pluviométrie de Nantes n’est pas celle de Dakar (en moyenne, 49 mm de pluie en juin ici contre 7 mm là-bas). Et il faut reconnaître qu’il a joué de malchance cette année. Peu importe, car le destin artistique des grains de sable chargés de l’intensité de la parole, etc., ne s’achève pas sur le quai Ceineray. Le Voyage à Nantes l’explique :

« Au cours du mois de juillet, lorsque le sable aura retrouvé sa forme entropique de tas, il sera réacheminé par voie fluviale jusqu'à Ancenis et Montrelais, où il sera rendu au fleuve. » 

Et même rendu « cérémonieusement » ! La Loire est à 1 km du quai Ceineray par le canal Saint-Félix. Mais pour lui « rendre » le sable prélevé à Noirmoutier, on va la remonter sur 50 km, avec halte à mi-chemin. Une petite croisière fluviale ponctuée par une immersion cérémonieuse : voilà un tas de sable bien soigné. C’est peut-être ça, la bifurcation écologique. Coincé entre l’art et l’écologie, on n’aura pas le culot de demander combien ça coûte.